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Critique de Enroute


A l'origine, tous les mots étaient des mots généraux qui permettaient de désigner des choses qui se ressemblent pour pallier l'impossibilité de donner à chacune un nom particulier. Par la suite, certains mots sont devenus des noms propres. Les mots sont arbitraires et, en tant qu'ils se rapportent à nos idées, ils désignent nos idées plus que les choses. L'erreur est de se mettre à croire que les mots désignent les choses. Ce faisant, on réduit la pensées et on se prête à croire que les choses possèdent une substance propre.

Pour Locke les mots sont des abstraits et non pas des collections de mots singuliers. Ces abstractions sont faites depuis ce que l'on perçoit des choses. Locke différencie donc l'essence réelle (ce qu'est la chose à l'intérieur d'elle-même) et l'essence nominale, le mot (ce qui représente les qualités externes et éventuellement mesurables de la chose). La première est inatteignable et la philosophie moyen-âgeuse se trompe en donnant à la substance le fondement de la classification des choses ; seule la seconde, l'essence nominale, est accessible aux sens et permet donc de classifier les choses. Tout ceci mène donc aussi au refus de l'énoncé canonique "sujet + prédicat" des scolastiques.

Les mots que l'on emploie peuvent donc ne pas être "justes" par rapport à ce qu'ils désignent puisqu'ils représentent avant tout les liaisons de nos idées. Ce n'est pas pour autant qu'ils sont faux ; la rhétorique et les "arts de la tromperie" sont très plaisants et amènent le "plaisir d'être trompé".

Les réflexions de Locke m'ont semblé à mi-chemin entre le refus de toute réflexion et de pensées complexes (façon Hume ou Hobbes) et la coupure totale d'avec la réalité (façon Descartes), plutôt dans une perspective moderne (refus de la logique scolastique au profit du libre usage des mots, auxquels la raison doit donner un sens). Pour la forme, c'est un peu moins déroutant que le livre IV, mais toujours déstabilisant (l'exemple de l'or revient sans arrêt, on retrouve les mêmes exemples que dans le livre IV, les réflexions sont hachées en petits paragraphes qui ne suivent pas l'ordre de l'argumentation, etc.)
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