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Critique de Luniver


À quoi sert l'agressivité ? Entre espèces différentes, on peut le comprendre : pour se nourrir ou se défendre contre les prédateurs. Au sein d'une même espèce, c'est déjà plus compliqué à comprendre. Surtout quand la survie de cette espèce se base sur une coopération étroite entre chacun de ses membres.

Cette agressivité semble pourtant très codifiée. J'ai pu le constater avec mon chat dernièrement : quand un autre chat est entré dans notre jardin, les deux se sont fait face, assis, sans bouger. Au bout de quelques secondes, l'intrus a décidé finalement de déguerpir. Ce n'est qu'après qu'il ait fait volte-face que le mien lui a couru après pour lui donner quelques coups de pattes bien placés. S'il y a clairement eu lutte de territoire, la violence en elle-même était très réduite, voire même purement symbolique.

C'est à toute cette problématique que répond Konrad Lorentz. À l'aide de beaucoup d'exemples tirés de plusieurs espèces (poissons, oies, singes, ...), il nous montre pourquoi la sélection naturelle a favorisé l'apparition de ces instincts d'agressivité, ainsi que l'apparition d'inhibitions sociales pour les neutraliser dans certaines situations (attaquer sa progéniture n'est jamais une bonne idée pour la survie de l'espèce, par exemple). J'ai pris un plaisir particulier à lire cet essai, puisqu'ayant vécu avec pas mal d'animaux (chats, moutons, chèvres, oies, poules, pigeons, dindes, pintades, ... une vraie basse-cour !), j'ai pu y retrouver beaucoup de situations qu'il décrit, ou inférer les explications pour d'autres.

J'ai également apprécié le côté didactique du livre : plutôt que de nous montrer directement les thèses finales, Konrad nous propose des situations à étudier, des hypothèses, et les conclusions qu'on peut en tirer. On voit aussi que l'humain est un animal comme les autres en lisant certaines scènes : difficile de ne pas se reconnaître dans la séduction ou le mariage chez les oies, par exemple.

L'ouvrage se termine sur une discussion sur l'instinct d'agressivité chez l'être humain, qui semble de plus en plus « dépassé » : il était utile lorsque des petites bandes d'individus se rencontraient par hasard, il devient gênant quand on vit dans des groupes de plusieurs millions d'individus. Si tenter de le supprimer définitivement est probablement voué à l'échec, il est cependant possible de le rediriger, vers le sport par exemple.

Un essai que je ne peux que conseiller : accessible, très agréable à lire (l'auteur a beaucoup d'humour) et un contenu qui ne manquera pas de vous faire réfléchir pendant longtemps.
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