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Critique de silvereGG



Bande dessinée de petite taille, de Bruno Loth, qui nous raconte les aventures d'Ermo, jeune orphelin qui veut devenir magicien mais qui, malgré lui, va subir de plein fouet la guerre civile espagnole.
Sous des traits qui peuvent sembler trop simples, avec même l'apparence d'une histoire pour jeune public, l'auteur n'omet nullement la dure réalité de ce conflit naissant. La réalité est visible à travers la misère, comme par exemple le héros et ses deux amis (du début) qui sont des orphelins vagabonds ou encore ce pauvre homme page 3, sans jambes se déplaçant sur un chariot. Mais surtout le réalité de la guerre c'est la violence des mouvements de droite conservateurs, que sont les phalangistes, l'Eglise et l'Armée, qui sont prêts à tout pour reprendre le pays et rétablir l'ordre (le leur, cela va sans dire). Voyant la république naissante être contre leurs propres intérêts, ils préfèrent la mettre à terre. Et il semble pour terminer que l'auteur ne nous cache pas les violences qui sont les prémisses de ce conflit, que ça soit la destruction des biens ou même les affrontements décrits avec un certain réalisme.
Sa vision historique est ici assez originale. Nous ne sommes pas à Madrid, cadre majoritairement choisi pour les récits sur la guerre d'Espagne, mais dans un petit village du sud du pays qui semble très rural. Et pour une fois ce n'est pas le parti communiste qui est mis en avant, mais le mouvement du POUM, parti marxiste à tendance antistalinienne (il faut le noter), qui a l'air d'être implanté localement (avec même un maire élu dans la commune). On voit aussi comment cette jeune démocratie a déjà du plomb dans l'aile, avant même le début des hostilités. Dans la ville, la coalition des réactionnaires réussit à mettre la main sur le pouvoir (arrestation du maire qui est remplacé par le chef des phalangistes). D'un autre côté, on voit aussi comment les républicains ont pu y croire (car les soldats se sont rangés dans leur camp).
Maintenant il faut présenter en détail les personnages. Ermo, le héros, rêve de devenir magicien et a deux atouts dans sa manche, il est malin mais surtout il est accompagné par les spectres de ses parents morts. Cette part magique de l'histoire va, à plusieurs reprises, aider notre héros à s'en sortir, comme lors de l'évasion de la prison. Mais il y a un groupe d'artistes qui entoure le héros, qu'il s'agisse de Sidi (magicien), sa compagne Fina (guichetière et assistante du magicien), de la jeune fille Anabela, et pour terminer l'homme à tout faire Juan. Bien que ce ne soit pas le thème principal de ce premier tome, nous pouvons pressentir qu'Ermo s'est trouvé une famille dans ce groupe d'artistes. du coté des gentils, on trouve des personnages secondaires : Manolo (père de famille) mortellement blessé pour s'être opposé aux phalangistes, le plus grand de ses fils qui fait face aux tueurs de son père pour le venger et en outre, nous avons le maire de la commune qui, lui, après avoir été libéré des geôles de l'armée, prend la tête des troupes fidèles à la république. Dans le camp adverse, on a des personnages très hauts en couleur : avec, d'une part le général Panceta (personnage petit et gros) rêvant de marcher sur la république et de tuer tous ses adversaires, mais qui finit caché sous un rideau et d'autre part son neveu Enrique (aussi gradé dans l'armée) qui doit tirer sur les syndicalistes et qui, après deux baffes, finit par dire « Vive le front populaire, vive l'anarchie ». Mais les deux méchants les plus importants sont Don Alejandro, chef des phalangistes, qui prend la place du maire de la commune, et son fidèle compagnon le père Martinez. Autant Don Alejandro cherche à devenir respectable sans y arriver, autant le père Martinez s'éloigne vraiment de son rôle de prêtre (éloigné donc de la charité chrétienne), jusqu'à refuser d'aider un mourant. Don Alejandro et le père Martinez auront une fin digne des fins de méchants dans les films (mais je n'en dis pas plus).
Et pour terminer, il me semble qu'il faut parler des couleurs. C'est une BD quasiment toute en noir et blanc (avec des nuances de gris), si ce n'est que les dessins sont accompagnés de plusieurs nuances de rouge qui tournent parfois au rose. Ce contraste permet trois choses : il attire l'oeil du lecteur, nous rappelle ensuite les deux tendances qui s'affrontent, l'extrême droite avec la couleur noire et l'extrême gauche avec la couleur rouge, et enfin cela permet d'augmenter l'aspect dramatique de l'histoire (avec le rouge du sang, des flammes etc…)

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