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Critique de val-m-les-livres


Je n'avais pas été mise aussi mal à l'aise par un livre depuis Rien ne s'oppose à la nuit. Il y a dans ces livres qui dénoncent d'autres personnes ou un mode de vie, quelque chose d'insupportable pour moi, lié à l'impossibilité pour les autres de répondre aux attaques (en l'occurence, les parents de l'auteur peuvent répondre mais dans des journaux qui recherchent forcément le croustillant alors que le support de l'auteur est tout autre). Je sais que ceux qui ont aimé ce livre que je ne peux qualifier de roman puisque tout y est vrai, vont rétorquer qu'il ne dénonce rien, qu'il se contente de décrire. Je crois que ce ton qui se veut objectif m'a encore plus agacée. Dans sa description du milieu populaire dont il vient, il n'épargne personne : son père ne se lave jamais le matin, chez sa grand-mère, ça sent le chien sale mais c'est encore pire avec les ados qui soit le battent tout en s'attachant à lui ou le sodomisent dans la scène la plus glauque qui m'ait été donné de lire depuis très longtemps ; et pourtant, je ne lis pas des bleuettes. Il n'y a aucun élément positif dans ce milieu. Dans le milieu d'où il vient, personne ne se comporte comme vous (enfin je le suppose) et moi et c'est finalement ce qui m'a le plus dérangée. J'ai eu l'impression qu'il nous englobait dans son monde, celui qui l'a sauvé de là d'où il vient et qu'il pointait du doigt l'autre, celui qui est si éloigné de notre quotidien, en nous disant : vous m'avez sauvé, vous qui connaissez le pouvoir des mots, vous qui aimez lire, d'un monde dont vous n'avez aucune idée et dont je vais vous ouvrir la porte. A la fin, ce jeune homme nous explique qu'il est fâché depuis longtemps avec son père et que sa mère n'est pas ravie qu'il parle de sa famille. Quelle surprise!

Je n'ai pas toujours été d'accord avec ses analyses. Par exemple, il explique le fait que son père et d'autres hommes refusent d'aller chez le médecin par un désir de paraître viril. Pour avoir côtoyé de près ce refus, je pense plutôt qu'il est dû, entre autre, à un manque de confiance envers les médecins et à une lutte des classes : le médecin, très à l'aise financièrement sans faire grand chose (je traduis d'autres pensées que la mienne, j'ai beaucoup d'admiration pour mon médecin) représente l'ennemi. Et si bien sûr, je ne peux expliquer les coups, je comprends tout de même que de trouver son enfant dans la situation dans laquelle sa mère le trouve alors qu'il n'a que dix ans peut faire perdre les pédales à de nombreux parents. D'ailleurs, cette scène m'a été insupportable. Je lui accorde le sens de la formule:

Dans la chambre flottait encore l'odeur du cri de mon père.

Et j'ai aimé l'idée que ce qui le fait venir à la culture est sa différence et son besoin de se trouver une autre famille que la sienne, dans laquelle il ne se reconnaît pas, ça m'a semblé une idée originale. Je ne comprends pas que ce roman soit à ce point encensé dans les média, ou plutôt si, je me doutais que les intellectuels parisiens allaient adorer cette description pathétique de nos campagnes (ne prenez pas ces attaques pour vous si vous avez aimé mais il faut quand-même avouer que l'absence de nuances dans les média sur ce livre a de quoi nous obliger à en chercher la cause). Et dans cette autobiographie, certains passages ne m'ont pas paru crédibles, notamment le fait que sa soeur joue l'entremetteuse entre sa copine et son frère beaucoup plus jeune qu'elles. Je sais que beaucoup d'entre vous voient dans ce roman une dénonciation de l'homophobie. Pour moi, c'est une dénonciation teintée de mépris d'une classe sociale.

Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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