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Critique de AlbertYakou


L'intérêt de cette version de Tristan et Yseult est qu'elle rompt avec la version de Joseph Bédier (1900) qui a imprégné plusieurs générations, leur faisant croire qu'il s'agissait d'une histoire d'amour romantique, comme on a su tant en écrire au XIXème siècle.
Or, il n'en est rien. René Louis ne réécrit pas une version romantique de l'histoire (comme Bédier l'avait fait), il revient aux sources et traduit en français moderne les textes du XIIè et XIIIè siècles. Et là, en plein Moyen-âge, nous sommes vraiment loin du romantisme du XIXème. René Louis tente aussi, au delà du décor chevaleresque et courtois du Moyen-âge, de revenir à l'origine du conte celtique, oral bien sûr avant d'être écrit. Non pas qu'il ait la prétention de retrouver les sources du début de ce conte datant du VIIIème siècle, mais d'atteindre au moins son essence, sa substance primitive.
Le résultat est étonnant. Et les différences sont nombreuses avec la version devenue un peu officielle de Bédier. Il ne s'agit plus de deux amants innocents dont l'amour impossible s'achève tragiquement, mais de deux êtres retords et manipulateurs, très loin d'anges d'une blancheur céleste immaculée. Bien au contraire.
L'une des différences fondamentales avec la version de Bédier est que c'est Iseult qui sciemment verse le filtre d'amour dans la coupe de Tristan, coupe qu'elle boit aussi en toute connaissance de cause. Il ne s'agit pas de l'erreur d'une servante inconséquente qui se serait trompée de boisson. le ton est donné. Iseult désire et veut Tristan et elle fera tout pour qu'il soit son amant (trompant ainsi le roi Marc sans vergogne aucune). Tristan de son côté, une fois le filtre bu, sera au diapason de sa belle.
Voilà qui change la donne, et nous éloigne de ces soupirs romantiques à la Bédier et de la tragédie du destin non choisi.
S'il y a une version à lire de Tristan et Iseult, c'est celle-là, la plus proche certainement de son origine.


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