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Critique de gerardmuller


Les chansons de Bilitis /Pierre Louÿs
Née au sixième siècle avant notre ère dans un village de montagne de l'est de la Pamphylie (sud de la Turquie d'aujourd'hui), Bilitis était la fille d'un Grec et d'une Phénicienne. Vivant avec sa mère te ses soeurs, elle menait une vie pastorale entre la ferme et le gynécée où elle filait sa quenouille de laine. Vénérant les Nymphes, elle connut l'amour, eut un enfant qu'elle abandonna et quitta la région.
On la retrouve à Mytilène, principale ville de l'île de Lesbos, une cité alors plus lumineuse et riche qu'Athènes et plus corrompue que Sardes. Elle a seize ans. À Lesbos le soir, les hommes boivent et vont voir les danseuses. Alors les femmes se rapprochent et se consolent entre elles de leur solitude pour vivre des amours délicates qui entretiennent plus de passion vraie que de vicieuse recherche. Bilitis connut ainsi Sapphô appelée aussi Psappha. Et puis Mnasidika.
Puis elle repartit vers Chypre pour commencer une nouvelle vie, une île où les courtisanes sortaient vêtues de cyclas transparentes à travers lesquelles paraissaient tous les détails de leur corps. Peuple admirable devant qui la beauté pouvait paraître nue sans exciter le rire ni la fausse honte ! Bilitis fut courtisane et pieuse pratiquante au temple d'Aphrodite. Devenue vieille elle rassembla ses souvenirs dans des chansons qu'elle se plut à chanter pour se rappeler sa lointaine enfance.
« Je ne suis qu'une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?... »
« Bergeronnette, oiseau de Kypris, chante avec nos premiers désirs ! …Nous comparons ensemble nos beautés si différentes, nos jeunes seins encore petits, nos pubertés rondes comme des cailles et blotties sous la plume naissante… »
« Moi je ne saurais vivre que nue. Mon amant, prends moi comme je suis : sans robe ni bijoux ni sandales, voici Bilitis toute seule… »
« Elle entra et passionnément, les yeux fermés à demi, elle unit ses lèvres aux miennes et nos langues se connurent…Elle était debout contre moi, toute en amour et consentante. Un de mes genoux, peu à peu, montait entre ses cuisses chaudes qui cédaient comme pour un amant…De ses yeux en délire elle désignait le lit, mais nous n'avions pas le droit d'aimer avant la cérémonie de noces… »
Ce beau recueil de textes brefs tels de petits poèmes délicatement érotiques empreints d'un symbolisme hellénisant de bon goût, évoque le passé dans un style somptueux et raffiné. Hamadryades aux bras levés et autres Naïades, Aegipans menaçants, Nymphes et autres Ménades nues, et même Lamprosathès le satyre impudique, accompagnent Bilitis avant qu'elle ne se dévoile devant l'homme qu'elle a choisi, beau comme Adonis pour connaître l'amour, ou quand elle rejoint la couche de Mélissa ou de Sélénis pour laisser le sommeil à la porte et s'offrir de douces caresses, le miel des caresses de la femme, pour des jeux pas toujours innocents. Souvenirs de Lesbos ! C'est Glôttis qu'elle préfère, mais elle ne peut répudier Kysé ! Que deviendrait-elle toute seule ?
Alors avec soin, nous confie Bilitis, « Mnasidika ouvrit d'une main sa tunique et me tendit ses seins tièdes et doux, ainsi qu'on offre à la déesse une paire de tourterelles vivantes…Et mon corps tout entier s'est livré à ses lèvres infatigables… Astarté bouillonnait dans mes reins… » Puis il y eut toi, Gyrinnô : « Je t'ai mangée comme une figue mûre, je t'ai bue comme une eau ardente, je me suis amusée de ton corps, les seins en pointe sur ton corps maigre et les mamelons noirs comme deux petites dattes… »
« La Phrygienne me baigne, me coiffe et m'épile. Elle dort le matin dans ma chambre et pendant trois nuits, chaque mois, elle me remplace près de mes amants… » Autres temps autres moeurs ! Avec les siècles l'impudicité a bien régressé !
Bilitis, jeune grecque vivant au VIe siècle avant notre ère est née de l'imagination de Pierre Louÿs pour devenir une personnage célèbre de la littérature érotique de la Belle Époque. Publié en 1894, ce recueil fit scandale alors pour paraît-il son caractère licencieux.
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