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Critique de annie
La tête dans le carton à chapeaux
· Mark Childress
· Roman (poche). Paru en 10/1997
Elle a du caractère la tante Lucille! Et quand elle veut quelque chose, rien ne l'arrête. Ce qu'elle veut c'est devenir actrice. Malgré ses six enfants et Chester, son plouc de mari qui n'arrête pas de se moquer d'elle. Un beau jour elle plaque ses enfants, tue son mari et fonce vers Hollywood au volant de sa Ford, avec sur le siège arrière, la tête de Chester découpée au couteau électrique. Un road movie hilarant qui a inspiré le film d'Antonio Banderas.
Extrait :
Chester n' a jamais compris combien ça comptait pour moi, dit Lucille. (J'entendis le clic de son zippo). Tu sais ce qu'il m'a dit maman, quand Harry Hall m'a téléphoné ? Quand je venais de recevoir l'appel le plus important de ma vie ?
-
Elle aspira longuement une bouffée de sa cigarette avant de continuer :
-
- Il m'a dit : " Va te faire foutre, Lucille . Tu n'iras nulle part ! "
-
- Lucille ! Devant Peejoe !…
-
- C'est ce que j'ai dit, moi aussi. Cary et Sandra qui se trouvaient à un mètre de nous l'ont parfaitement entendu ! Je lui ai répondu : " Chester, mon salaud, je t'ai supporté pendant treize ans, coincée dans cette maison à élever tes sales gosses, à te faire la cuisine, à être ton esclave, à gâcher mes meilleures années ! Maintenant que j'ai l'occasion de faire quelque chose pour moi, ce n'est pas toi qui vas m'en empêcher ! "
-
- Tu ne lui as pas dit ça ? dit Meemaw.
-
- Je te le jure sur un million de dollars !… (Lucille sourit.) Je l'ai dit et il m'a frappé et je l'ai frappé aussi.
-
- Oh non ! Tu n'as pas fait ça ! Lucille, il ne faut jamais frapper un homme. Je te l'ai déjà dit. C'est une provocation.
-
Lucille rejeta la fumée par le nez et dit en souriant :
-
- Chester ne me frappera plus.
-
- Lucille !
-
Meemaw avait une voix bizarre.
-
Lucille ramassa ses jambes sur la balancelle et se mit à tripoter son petit doigt de pied.
-
- Pour l'amour de Dieu ! C'est une chaîne nationale ! Personne n'a l'air de se rendre compte comme c'est fabuleux !
-
Une petite araignée tomba sur l'épaule de Lucille. Meemaw la balaya du revers de la main.
-
- Mais si, ma chérie, je m'en rends compte. C'est quelque chose dont tu rêves depuis des années. Je t'ai toujours dit que tu étais bien trop jolie.
-
- Il a dit que j'étais folle, dit Lucille. Il a dit que j'étais folle !
-
- Lucille.
-
- Il a dit que je ne pouvais pas y aller. Qu'il ne divorcerait jamais.
-
La cigarette tremblait entre ses doigts.
-
- Maman, je l'ai tué.
-
- Oh non, Lucille ! Ne parle pas comme ça. Ce n'est pas drôle.
-
- Je l'ai fait.
-
- Non, tu ne l'as pas fait. Arrête tes histoires morbides.
-
- Avant-hier soir. Après avoir mis les enfants au lit.
-
- Ça suffit ! (Meemaw descendit de la balancelle.) Il n'y a pas de quoi plaisanter.
-
- Tu ne me crois pas, maman ? dit Lucille en souriant. Tu ne me crois pas capable de le faire ?
-
- Non, je ne te crois pas.
-
- A ton aise. Continue comme ça.
-
Je ne pus m'empêcher de demander :
-
- Tu l'as vraiment tué tante Lucille ?
-
- Tu peux en être sûr, mon chou. Et il l'a bien mérité.
-
- Maintenan, ça suffit, Lucille ! (Meemaw devint toute rouge.). Tu es vraiment folle !
-
Lucille abaissa ses lunettes de soleil et nous dévisagea.
-
- Peut-être bien, dit-elle. Mais je suis en vie et Chester est mort. Et je pars pour Hollywood. Je parie qu'il n'a jamais pensé que ça finirait comme ça !
-
- Tu me fais peur quand tu parles ainsi, Lucille. La moitié du temps, je te prends au sérieux.
-
- J'ai seulement besoin que tu m'aides un petit peu, dit Lucille.
-
Meemaw immobilisa la balancelle avec ses pieds.
-
- Quel genre d'aide ?
-
- J'ai besoin que tu gardes les enfants, dit Lucille rapidement. Pendant que je serai en Californie. Trois ou quatre semaines, tout au plus. Je sais que c'est beaucoup demander, maman, mais ils seront très sages, ils me l'ont juré.
-
- Tu veux dire que tu les laisses ici, aujourd'hui ?
-
L'expression horrifiée sur le visage de Meemaw en disait long. Tante Lucille s'embarquait sur une de ces virées délirantes qui lui étaient familières et notre maison serait envahie par les Vinson.
-
- Il le faut, maman. L'audition a lieu la semaine prochaine. le train met quarante-huit heures de la Nouvelle-Orléans à Los Angeles. Farley, si tu ne veux pas partager cette chose, je vais la prendre et aucun de vous ne pourra jouer avec !
-
Farley lâcha prise pendant une seconde. le petit chat prit la fuite en miaulant comme si son pelage était en feu.
-
- Lucille, ma chérie, dit Meemaw, tu sais que je les garderais ici si je le pouvais. Mais je ne peux pas. C'est impossible. Tu ne te rends pas compte que je suis vieille. Et cette maison est déjà bien remplie entre Peejoe, Wiley et moi.
-
- Maman, écoute-moi bien …
-
Lucille ne souriait plus. Les yeux cachés derrière ses lunettes vert bouteille, elle rajusta le pull léger sur ses épaules.
-
- J'ai tué Chester. Je l'ai vraiment fait. Tu m'as compris ? Je ne blague pas. Je l'ai tué et maintenant je vais à Hollywood, Dieu soit loué ! Je te demande de t'occuper de mes enfants. Je ne t'ai jamais rien demandé, maman.
Tous droits réservés © Editions Pocket
· Mark Childress
· Roman (poche). Paru en 10/1997
Elle a du caractère la tante Lucille! Et quand elle veut quelque chose, rien ne l'arrête. Ce qu'elle veut c'est devenir actrice. Malgré ses six enfants et Chester, son plouc de mari qui n'arrête pas de se moquer d'elle. Un beau jour elle plaque ses enfants, tue son mari et fonce vers Hollywood au volant de sa Ford, avec sur le siège arrière, la tête de Chester découpée au couteau électrique. Un road movie hilarant qui a inspiré le film d'Antonio Banderas.
Extrait :
Chester n' a jamais compris combien ça comptait pour moi, dit Lucille. (J'entendis le clic de son zippo). Tu sais ce qu'il m'a dit maman, quand Harry Hall m'a téléphoné ? Quand je venais de recevoir l'appel le plus important de ma vie ?
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Elle aspira longuement une bouffée de sa cigarette avant de continuer :
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- Il m'a dit : " Va te faire foutre, Lucille . Tu n'iras nulle part ! "
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- Lucille ! Devant Peejoe !…
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- C'est ce que j'ai dit, moi aussi. Cary et Sandra qui se trouvaient à un mètre de nous l'ont parfaitement entendu ! Je lui ai répondu : " Chester, mon salaud, je t'ai supporté pendant treize ans, coincée dans cette maison à élever tes sales gosses, à te faire la cuisine, à être ton esclave, à gâcher mes meilleures années ! Maintenant que j'ai l'occasion de faire quelque chose pour moi, ce n'est pas toi qui vas m'en empêcher ! "
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- Tu ne lui as pas dit ça ? dit Meemaw.
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- Je te le jure sur un million de dollars !… (Lucille sourit.) Je l'ai dit et il m'a frappé et je l'ai frappé aussi.
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- Oh non ! Tu n'as pas fait ça ! Lucille, il ne faut jamais frapper un homme. Je te l'ai déjà dit. C'est une provocation.
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Lucille rejeta la fumée par le nez et dit en souriant :
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- Chester ne me frappera plus.
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- Lucille !
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Meemaw avait une voix bizarre.
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Lucille ramassa ses jambes sur la balancelle et se mit à tripoter son petit doigt de pied.
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- Pour l'amour de Dieu ! C'est une chaîne nationale ! Personne n'a l'air de se rendre compte comme c'est fabuleux !
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Une petite araignée tomba sur l'épaule de Lucille. Meemaw la balaya du revers de la main.
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- Mais si, ma chérie, je m'en rends compte. C'est quelque chose dont tu rêves depuis des années. Je t'ai toujours dit que tu étais bien trop jolie.
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- Il a dit que j'étais folle, dit Lucille. Il a dit que j'étais folle !
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- Lucille.
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- Il a dit que je ne pouvais pas y aller. Qu'il ne divorcerait jamais.
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La cigarette tremblait entre ses doigts.
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- Maman, je l'ai tué.
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- Oh non, Lucille ! Ne parle pas comme ça. Ce n'est pas drôle.
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- Je l'ai fait.
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- Non, tu ne l'as pas fait. Arrête tes histoires morbides.
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- Avant-hier soir. Après avoir mis les enfants au lit.
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- Ça suffit ! (Meemaw descendit de la balancelle.) Il n'y a pas de quoi plaisanter.
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- Tu ne me crois pas, maman ? dit Lucille en souriant. Tu ne me crois pas capable de le faire ?
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- Non, je ne te crois pas.
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- A ton aise. Continue comme ça.
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Je ne pus m'empêcher de demander :
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- Tu l'as vraiment tué tante Lucille ?
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- Tu peux en être sûr, mon chou. Et il l'a bien mérité.
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- Maintenan, ça suffit, Lucille ! (Meemaw devint toute rouge.). Tu es vraiment folle !
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Lucille abaissa ses lunettes de soleil et nous dévisagea.
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- Peut-être bien, dit-elle. Mais je suis en vie et Chester est mort. Et je pars pour Hollywood. Je parie qu'il n'a jamais pensé que ça finirait comme ça !
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- Tu me fais peur quand tu parles ainsi, Lucille. La moitié du temps, je te prends au sérieux.
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- J'ai seulement besoin que tu m'aides un petit peu, dit Lucille.
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Meemaw immobilisa la balancelle avec ses pieds.
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- Quel genre d'aide ?
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- J'ai besoin que tu gardes les enfants, dit Lucille rapidement. Pendant que je serai en Californie. Trois ou quatre semaines, tout au plus. Je sais que c'est beaucoup demander, maman, mais ils seront très sages, ils me l'ont juré.
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- Tu veux dire que tu les laisses ici, aujourd'hui ?
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L'expression horrifiée sur le visage de Meemaw en disait long. Tante Lucille s'embarquait sur une de ces virées délirantes qui lui étaient familières et notre maison serait envahie par les Vinson.
-
- Il le faut, maman. L'audition a lieu la semaine prochaine. le train met quarante-huit heures de la Nouvelle-Orléans à Los Angeles. Farley, si tu ne veux pas partager cette chose, je vais la prendre et aucun de vous ne pourra jouer avec !
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Farley lâcha prise pendant une seconde. le petit chat prit la fuite en miaulant comme si son pelage était en feu.
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- Lucille, ma chérie, dit Meemaw, tu sais que je les garderais ici si je le pouvais. Mais je ne peux pas. C'est impossible. Tu ne te rends pas compte que je suis vieille. Et cette maison est déjà bien remplie entre Peejoe, Wiley et moi.
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- Maman, écoute-moi bien …
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Lucille ne souriait plus. Les yeux cachés derrière ses lunettes vert bouteille, elle rajusta le pull léger sur ses épaules.
-
- J'ai tué Chester. Je l'ai vraiment fait. Tu m'as compris ? Je ne blague pas. Je l'ai tué et maintenant je vais à Hollywood, Dieu soit loué ! Je te demande de t'occuper de mes enfants. Je ne t'ai jamais rien demandé, maman.
Tous droits réservés © Editions Pocket
