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Critique de Bookycooky


To leave is to die a little.
To arrive is never to arrive.
MIGRANT PRAYER
( Partir c'est mourir un peu
Arriver est ne jamais arriver.
PRIERE DU MIGRANT)

L'écrivaine mexicaine Valeria Luisella aborde ici un sujet actuel et grave, d'enfants migrants en détention. Plus de quatre-vingt milles enfants mexicains et des pays du Triangle du Nord ( Guatemala/ Honduras/ San Salvador ), sans papiers, sont détenus à la frontière sud des États-Unis. “Des enfants perdues* “, qui fuient une violence terrible et des abus sexuelles systématiques dans leurs pays, infestés de gangs para-étatiques. Des enfants à la recherche non d'un Eldorado, comme présentée par les politiques et les médias, mais tout simplement d'une protection, souvent chez des parents déjà immigrés aux États-Unis.
L'écrivaine relate le sujet dans le contexte d'un couple de chercheurs américains, des documentaristes . Un couple recomposé avec deux enfants, un pour chacun d'une première union, chacun à la poursuite d'un projet sur le son, sur différents sujets en apparence non compatibles. Un couple “On the road” ( comme Kerouac ) avec les deux bambins......partis de NewYork ils descendent vers le sud-ouest sans destination précise alors que leur couple bat de l'aile......
Des enfants perdues,
Un couple perdu,
Dans les dédales d'un monde perdu,
Celui d'Emmet Golwin, Larry Clark, Nan Goldin **......


Ce qui est particulier dans ce livre lu en v.o. ( l'écrivaine écrit en anglais), est le ton et le style de narration. Simple, concis, sans fioritures, impersonnel et une structure très singulière que je vous laisse découvrir. La femme d'origine mexicaine est en partie la narratrice, l'homme y est référé comme « mon mari », et les enfants comme « la fille »(cinq ans) et « le garçon »(dix ans). Ce dernier étant le savoureux narrateur de la seconde partie, et co-narrateur de la troisième et quatrième partie.
Plus on avance dans le livre, plus on se rend compte de la justesse de ce ton et de ce style. En faites ces deux histoires qui semblent emboîtées, traitent de deux sujets différents actuels mais aussi intemporels, le problème de l'immigration, infantile dans ce cas, et la difficulté de l'homme en tant qu'être humain, à prendre ses responsabilités dans une vie de couple et de famille. Vient s'y greffer aussi divers thématiques et de superbes réflexions sur les mots,la photo, les sons, les archives, la littérature, et même sur la danse contemporaine avec Martha Graham..... et aussi de nombreuses questions d'éthique,
«  Comment pourrais-je même oser penser faire ou faire de l'art avec la souffrance d'un autre ? »,
Pourquoi constituer une archive sur ces « enfants perdus »? Quel en est le but ? “Pour le faire écouter et susciter- de la pitié ? - de la rage ? Et après faire quoi ? ....Personne ne décide de ne pas aller travailler ni de faire une grève de faim....Tout le monde continue leur vie normale ...., après avoir écouté une émission à la radio à ce sujet. »

Excellent livre multi- thématiques, où on ne se perd jamais grâce aux narrateurs,
qui à travers leurs états d'âmes et digressions, maintiennent le cap de ce voyage qui ressemble à une migration, et est en faites un voyage migratoire. Un livre qui nous montre oh combien nous simples humains sommes désarmés face à la misère du monde......Un des meilleurs livres que j'ai jamais lu sur la complexité de ce dit Monde !
Superbe découverte grâce à ma libraire , l'unique librairie pour 40000 habitants de la ville voisine.

“When life itself seems lunatic, who knows where madness lies? ....To surrender dreams—this may be madness.”
(Quand la vie elle-même semble délirante, qui sait où alors est la folie ? ..... Mais renoncer à ses rêves- Ça peut-être la vraie folie.)

*Des enfants qui ont perdus leur droit à l'enfance “.
** Photographes américains, témoins d'un monde perdu.
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