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Critique de Franz


Franz
12 février 2022
Le conte des chats perchés.
Jacques Berdemol, PDG de Maharadchat, usine spécialisée dans l'alimentation pour chat, voudrait liquider son affaire déclinante et se rêver viticulteur dans l'Adriatique. L'arrivée d'investisseurs coréens pourrait insuffler un redémarrage économique, sauver les emplois et assurer un second mandat au maire mais Berdemol veut se la couler douce au soleil. Il déteste son boulot et les chats. Il aspire à une autre vie, un second souffle, de nouvelles jouissances. Cela tombe bien car sa nouvelle secrétaire, Jessica, qu'il n'a pas vu venir mais dont la jeunesse et les formes avenantes l'émoustillent, le troublent et le galvanisent. Jessica a un plan pour séduire les Coréens et Berdemol suit la locomotive en marche. Même si le crash se profile, la broyeuse-cuiseuse en embuscade, Berdemol croit en son charisme et en sa bonne étoile qui est peut-être la féline et l'onduleuse Jessica dont le prénom pourrait signifier « J'ai six chats ».
Passant à la moulinette le business old school et les méthodes pas cool de l'agro-alimentaire, le scénariste Wilfrid Lupano satirise à tout va, de la beaufitude misogyne à la passionaria misanthrope, de l'entreprise sans éthique au cynisme sans étiquette. A travers l'autopsie de vies insipides, Lupano extrait la part d'humanité bafouée et la montre avec respect, nimbée d'un voile d'humour et saupoudrée d'une pincée de rire. Désiré Bignous est le nouveau nez du laboratoire de l'entreprise, pointé au-dessus des déjections félines, analysant le fumet des pâtées. Quand les chats philosophent et s'adressent à Désiré, le lecteur ronronne de plaisir : « Personne ne tient plus de quinze jours à ce poste… C'est dommage parce que l'excellence requiert de l'expérience ». Relom (Olivier Morel), remarquable dessinateur capable de fixer des tronches dans des rictus inquiétants, est idéal dans la mise à nu d'une mécanique sociale dérisoire et insipide, broyeuse et aveugle, à l'unisson d'un scénariste engagé.
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