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Critique de Polomarco


Le choix de Dieu retrace l’itinéraire spirituel du jeune juif Aron Lustiger, de sa conversion au catholicisme jusqu’à sa nomination en tant qu’archevêque de Paris, responsabilité qu’il exercera 24 ans, de 1981 à 2005. Un livre fort, empreint d’émotion et riche en foi, espérance et charité.

Cet ouvrage se compose des nombreux entretiens que le Cardinal Lustiger a accordés aux deux journalistes J.-L. Missika et D. Wolton. Son titre, le "choix de Dieu", en résume parfaitement le contenu : « L’Eglise a le devoir de se placer toujours d’une façon claire du point de vue non seulement de la conscience morale, mais aussi de la foi. Car l’Eglise n’a pas le monopole de la conscience morale. Dans notre pays, d’autres confessions, d’autres institutions peuvent et doivent s’exprimer en son nom. (…) Mais pour l’Eglise, il y a plus encore : la lumière de la foi ; le primat de Dieu sur toutes choses humaines est ce dont nous avons à rendre témoignage. Primat de Dieu sur toutes choses humaines, cela ne signifie pas du tout pouvoir théocratique s’affirmant sur les pouvoirs politiques, économiques ou sociaux, mais manifestation de la grandeur de Dieu, Source de la grandeur personnelle et morale de l’homme » (Page 231).

Un titre qui peut donc être lu de 2 façons :

Le choix de Dieu, c’est d’abord le choix fait par Dieu lui-même.
Celui du peuple élu : « Les juifs ont été choisis de toute éternité pour être d’avance ceux que Dieu aime et appelle à le servir » (Page 395). « Si les juifs sont l’objet d’une persécution particulière, c’est parce qu’ils portent en eux le plus sacré et le moins supportable : le gage de l’élection divine » (Page 88).

Celui, aussi, que fera le Pape en le nommant Evêque d’Orléans. « Me retrouver dans la cathédrale d’Orléans, à l’endroit exact où, pour la première fois, j’avais eu l’intuition de ce mystère (…), me retrouver aux endroits où ma vie s’était orientée, cela donnait à chaque détail de mon existence à Orléans une intensité extraordinaire (…). Le bureau où l’évêque d’Orléans, Mgr Courcoux, m’avait instruit du christianisme devenait mon bureau ; je célébrais la messe dans la chapelle même où j’avais été baptisé. Je retrouvais des prêtres ou des laïcs qui avaient été mes camarades de classe, et voici que je les retrouvais comme leur pasteur, comme apôtre. Dieu me demandait de leur donner ce que j’avais reçu d’eux » (Pages 393-394).

Mais, le choix de Dieu, c’est aussi le choix que va effectuer Jean-Marie Lustiger tout au long de sa vie.
Celui de se convertir à la foi catholique, alors qu’il est issu d’une famille juive : « J’ai partagé l’existence quotidienne de chrétiens convaincus » (page 45).
Celui de persévérer dans sa foi, alors que le génocide juif de la seconde guerre mondiale (dont la mort de sa propre mère) conduit plus d’un à se révolter contre Dieu, comme Elie Wiesel dans « La nuit » : « Nous savions au fond de nous-mêmes que ma mère ne rentrerait pas, mais nous n’en avions pas la certitude » (page 135). « Je me suis demandé : est-ce que tu vas encore réussir à sourire ? Et j’ai pensé : plus jamais (…) Je n’ai pas pu parler de la question juive pendant des années, je n’ai pas pu aborder même le problème de la déportation » (page 110). « Le mal est là et Dieu est bon » (page 198).
Celui d’entrer au séminaire, à 20 ans, alors que son père s’y oppose : « Il y a eu à nouveau un conflit, extrêmement violent, avec mon père, un conflit très cruel, très brutal (…). Il m’a coupé tous les moyens d’existence (…). Je suis resté deux ans sans voir mon père, donc seul » (page 153).
Celui de résister à la séduction marxiste, qui conduit beaucoup, en cette époque d’après-guerre, à vouloir « réduire le christianisme à une idéologie, en vue d’une finalité sociale » (page 186).

Ayant posé ce choix radical, Jean-Marie Lustiger va désormais exercer pleinement son ministère de prêtre : « affirmer que la liberté de l’homme est garantie d’abord par sa relation à l’absolu qui est Dieu » (page 198), « remettre entre les mains de tous l’héritage qui nous est commun : la Parole de Dieu et son amour communiqués dans la vie sacramentelle » (page 325), et « inviter les jeunes à la découverte d’eux-mêmes et de Dieu » (page 312).

En conclusion, Jean-Marie Lustiger rappelle que « tous les hommes sont appelés et aimés de Dieu, mais tous, pour autant, ne seront pas durant le temps de leur vie configurés au Christ-Messie. Ceux qui le sont ont un rôle particulier dans l’histoire en dépit de leurs faiblesses et de leurs limites personnelles ; ils ne font qu’un avec le Christ pour travailler avec lui à ce que tous les hommes entrent dans l’amour filial de Dieu » (page 326).
A ceux qui ne le connaissent pas et qui s’interrogent sur le sens de leur vie, Jean-Marie Lustiger conseille de prier continuellement : « Toi, Dieu que je cherche ou que je fuis, je ne sais si tu existes, mais donne-moi de te rencontrer et de te reconnaître » (page 207).

Alors, pour vous, le choix de Dieu, c’est pour quand ?
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