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Critique de RosenDero


Une caravane de colons tente sa chance en territoire inconnu dans le but de fonder un nouveau village prospère. Parmi eux, un couple et leur petite fille de 5 ans, seule enfant de la troupe.
Attaqués par une bande de monstres humanoïdes aux faces de porcs — des Raïs — bien supérieure en nombre, les colons vont tous y laisser la vie, non sans avoir chèrement défendu leur peau.
Tous, sauf la petite fille, cachée par sa mère dans le double fond d'une caravane.

Quelques temps après, deux Petits — des créatures sylvestres foncièrement bonnes et gentilles — découvriront le carnage et la petite humaine qu'ils adopteront.
Elle qui a perdu sa famille, son histoire et jusqu'à son nom, deviendra une des leurs sous le doux nom d'Ipiutiminelle.
Acquérant des réflexes surhumains, développant des dons de perception inégalés et faisant montre d'une sagesse toute naturelle, Ipiu grandira dans la joie, la bonne humeur et le goût de la confiture de framboise.

Alors, quand une bande d'humains sans scrupule viendra commettre un larcin dans la Forêt Maison des Petits, Ipiutiminelle prendra les choses en main pour récupérer Ilfasidrel, le joyau dérobé.
Mais le contact avec ses semblables aura des conséquences insoupçonnées pour la jeune fille en mal de repères et en quête de ses racines…

———

Il y a des moments dans la vie où, plus que d'y voir une boite de chocolats, j'ai l'impression d'être dans The Truman Show (il faudrait changer le prénom, pour sûr), ou plutôt, j'ai la sensation que le hasard fait bien les choses. À peine ai-je terminé de dévorer les deux premiers tome de la trilogie de Pierre Bottero que cette adaptation paraît. La fraîcheur dans mon esprit de l'oeuvre me rendra certainement un peu sévère, voire exigeant, mais on ne s'attaque pas à un chef d'oeuvre sans prendre de risques ;)

Lylian à l'adaptation et Montse Martin au dessin. Je ne connais pas, honte à moi, ou pas ; je serai donc impartial.

Dans l'ensemble, j'ai été très enthousiasmé par cette BD.
Quel beau challenge que de vouloir rendre en si peu de mots, en si peu de planches, l'oeuvre magistrale de Pierre Bottero qu'est la trilogie d'Ellana ! C'est un pari ardu car ce qui fait la beauté de cette trilogie réside, à mon avis, plus dans la plume inimitable de son auteur que dans l'histoire ou l'univers qu'il dépeint.

Pour en revenir à l'album en tant que tel.
Je placerai du côté très positif les dessins et les couleurs, ainsi que le respect des textes originaux et de la trame générale.

À côté de ça, plusieurs points négatifs émergent pour qui aurait lu le roman. D'une manière générale, j'ai trouvé le traitement rondement mené, voire rudement mené, avec quelques incartades inexpliquées : pourquoi diable Isaya — la maman d'Ellana — coincerait-elle la porte de la cachette de sa fille sous un lourde caisse, la privant alors de tout espoir de sortir ? Dans le roman de Pierre Bottero, c'est un léger panier qui cache la trappe, et c'est à cause des combats qu'une caisse vient bloquer la porte de la cachette, suite à quoi la petite fille, déshydratée et affamée, est découverte à moitié morte par les Petits.
Le premier tome aurait gagné à proposer un développement plus poussé de certaines actions fondamentales (quitte à couper l'histoire plus tôt) : pourquoi ne pas expliciter l'incompréhension linguistique initiale entre les Petits et la fillette ; pourquoi passer sous silence le dessin (autre nom donné à la magie) lorsque les humains font face au trodd (jamais le mage n'a tenté d'occire le monstre avec son poignard, au contraire, il invoque un épieu à l'aide de son art, permettant ainsi au lecteur de comprendre le fonctionnement de la magie humaine dans cet univers) ; pourquoi ne pas conserver la situation, comique au possible, de la débandade des humains qui fuient à moitié nus après avoir subi les démangeaisons infligées par la magie des Petits ; pourquoi survoler la découverte des us et coutumes humains par Ellana ; pourquoi bâcler la fin de ce tome en passant sous silence la feinte tactique des Raïs, l'arc de Sayanel, l'adresse au tir d'Ellana, et la honte des Thüls ???
Je n'ai pas de réponse à ces questions.

D'ailleurs le Thüls, parlons-en. Je ne les ai pas trouvés fidèles à la description faite par Pierre Bottero ou, tout au moins, à l'image que je m'en fais. Alors qu'ils sont censés représenter la force brute, être très grands, très forts (les Vikings de l'imagerie populaire ; les Norns de l'univers de Guild Wars ; etc.), dans cet album, ils sont dépeints de manière plutôt banale et on ne fait pas la différence entre eux et les autres humains.
La représentation de Nahis m'a fait l'effet inverse (un problème de proportions — si j'ose m'exprimer ainsi — qui serait donc récurrent) : alors qu'il s'agit d'une toute petite fille, le dessin nous montre une enfant d'une petite dizaine d'année à peine moins grande qu'Ellana. En résulte un effet assez troublant d'inadéquation entre le personnage et son discours (elle semble demeurée alors qu'elle a simplement été dessinée trop grande).

Bon, je pinaille, je pinaille, je râle sur les incohérences vis-à-vis de l'oeuvre initiale, mais j'oublie de mettre l'accent sur le plus important : cet album est un excellent moyen d'amener le lecteur vers le roman éponyme et vers l'oeuvre de Pierre Bottero dans sa globalité.
Malgré tous les reproches que je pourrais lui faire, il réussit le pari de nous présenter Ellana en restant fidèle à l'esprit de Pierre Bottero : Ipiutiminelle reste Ellana, l'histoire d'une jeune fille touchante, nature, philosophe, un brin impertinente et surtout libre, libre, libre...
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