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Critique de Apoapo


Le jardin de cristal, c'est le paradis qui attend les martyrs, les hommes morts en guerre. Ce roman, c'est presque un huis clos qui se déroule autour de la cour et du bassin d'une maison que la Fondation des Déshérités a confisquée et attribuée à quatre familles victimes de la guerre, lesquelles y vivent dans un voisinage étroit jusqu'à la promiscuité. Les femmes et les jeunes enfants y prédominent, car il ne reste d'hommes qu'un grand-père, un mutilé, un opiomane, et le souvenir pesant de plusieurs martyrs... D'autres hommes passent, fécondent, s'affligent mais ne s'arrêtent pas.
Le récit s'ouvre, avec des pages d'une impressionnante virtuosité descriptive, sur l'accouchement d'une jeune veuve de guerre ; il s'achève sur l'impossible allaitement d'un nouveau-né par une grand-mère qui a perdu en guerre son mari et ses deux fils, et dont la belle-fille a perdu la raison en mettant au monde ce dernier orphelin.
La solidarité règne dans cet univers de femmes, mais aussi la malveillance, les commérages, les disputes, les confidences, les jalousies. L'absence des hommes, leurs séquelles physiques et morales, leurs fragilités rendent-elles moins durs ceux qui restent ? Non : la tyrannie des conventions sociales et les méfaits du virilisme s'imposent à tous pardessus tout. le bonheur ne leur est pas davantage permis qu'à leurs épouses ni à leurs enfants.
L'auteur de ce premier roman traduit en français est un cinéaste connu, réalisateur entre autres du célèbre Kandahar (2001), et scénariste d'autres films tournés par sa fille et également primés à Cannes. L'écriture s'en ressent : très visuelle tout en foisonnant de dialogues et de monologues intérieurs, parfois enchevêtrés, qui permettent de caractériser et de s'y retrouver parmi la multitude de personnages dont les prénoms ne seraient sinon pas toujours facilement reconnaissables, même en ayant quelque familiarité avec le persan.
Cette sorte de paysage documentaire de la condition des femmes iraniennes en temps de guerre ne doit cependant pas être pris pour une lamentation victimaire, ni contre la société dans laquelle elles vivent (l'Islam, le machisme, etc.), ni contre les hommes ; ces femmes ne sont ni révoltées ni innocentes ni n'aspirent à un modèle différent du leur. le paysage qui se profile de cette oeuvre n'en demeure pas moins un hommage à ces femmes iraniennes auxquelles le livre est dédié.
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