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Critique de Torellion


Je tiens à remercier les éditions Ecriture et Babelio pour son opération Masse critique qui m'a permis de découvrir « Elena Ferrante – A la recherche de l'amie prodigieuse » de Salomon Malka.

Je ne connais l'oeuvre d'Elena Ferrante uniquement par les émissions littéraires ou par la presse. Je ne me suis pas plongé dans la lecture de sa si célèbre tétralogie. Cependant, l'aura de mystère l'entourant à attiser ma curiosité et je pensais pouvoir profiter de cette lecture pour découvrir un peu de son univers avant de me jeter dans son oeuvre littéraire.

Salomon Malka, dans son introduction, nous précise immédiatement l'enjeu de son livre : « il importe de savoir pour quelles raisons l'auteur a cherché à se faire oublier et même à se rendre invisible ». Rajoutant sin nous n'avions pas compris : « Un auteur a-t-il le droit de disparaître corps et biens ? » La réponse est immédiatement donnée : Non ! Cinq pages d'introduction pour nous dire qu'il est impensable de demander et garder l'anonymat, cela cache forcément quelque chose !
S'ensuit alors quelque deux cents pages qui décriront (trop peu) l'ambiance et les thèmes des romans, mais toujours à l'aune de la théorie de Claudio Gatti faisant d'Elena Ferrante le pseudonyme d'Anita Raja, épouse du célèbre écrivain Domenico Starnone.
L'obsession de l'auteur est de faire un parallèle entre Émile Ajar alias Romain Gary et Elena Ferrante. Si l'auteur de la tétralogie a déjà réussi une carrière d'écrivain, pour « renouveler son oeuvre » il lui faut alors prendre un pseudonyme.
Tout ce discours autour de la légitimité d'un auteur de vouloir garder l'anonymat pour ne laisser le lecteur qu'avec son oeuvre est répété tout au long du livre ad nauseam. Nous passons de l'autrice qui ne veut pas faire d'ombre à son mari, à l'auteur masculin désireux de gagner un second prix sous un autre nom, à un collectif mari-femme mais où bien évidemment la femme n'est « qu'une main sur quatre », confinement volontaire d'un auteur anticipant le confinement du Covid… (Je suis à court de point d'exclamation) Pour donner du poids à son propos, l'auteur fera intervenir diverses personnalités qui viendront donner de l'eau à son moulin.
Malka rappelle à son lectorat que le Naples, l'Italie même, décrits dans la saga de l'amie prodigieuse ne font jamais référence à l'avant, c'est-à-dire à la seconde guerre mondiale. L'avant devenant une sorte « d'impensé » : il y a forcément eu un avant, mais nous n'avons pas besoin d'en connaître la substance puisque nous sommes là. Cela pourrait être aussi une manière d'appréhender le désir d'anonymat de l'auteur, s'effacer pour ne laisser s'exprimer que le présent (narratif). Mais non, Salomon Malka va toujours plus loin, refusant même à Elena Ferrante le droit de ne peut-être pas se sentir à l'aise à l'oral.

À la recherche de l'Amie prodigieuse aurait pu être un livre sur les traces d'Elena Ferrante, il aurait pu nous entraîner dans les lieux de l'oeuvre, éclairer le lecteur d'analyses enthousiastes, donner des perspectives. Malheureusement, les seules analyses intéressantes sont celles de Jean-Noël Schifano, reprises sur trois pages.
Quant à Salomon Malka, il se perd dans son procès d'intention, et, à mon sens, aurait pu garder son texte dans ses tiroirs, anonyme.
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