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Critique de afriqueah



L'intérêt de « La lionne blanche, » écrit en 1993, réside dans le fait que Henning Mankell craint une guerre civile en Afrique du Sud. Dans sa post-face il affirme : « Personne ne peut affirmer que la guerre civile est inévitable. Personne ne peut davantage affirmer qu'elle aura lieu. L'incertitude est la seule certitude. »
L'auteur présente des personnalités réelles : de Klerk, Mandela, qui se sont serrés la main au Forum économique mondial de Davos en 1992, conjointement prix Nobels de la paix en 1993.
Et pourtant le chaos.
Il dresse un tableau des trois groupes ennemis : les Zoulous, les Anglais, se considérant premiers occupants, et les Boers, héritiers de ces huguenots qui ont fui la France au moment de la révocation de l'Edit de Nantes, arrivés pour certains au pouvoir par leur fanatisme.
Parmi eux, le Président de Klerk, un Boer modéré conscient des enjeux et de l'impossibilité de continuer la haine. Il fait sortir de prison Mandela en 1990, il veut assurer en douceur la fin du régime de l'apartheid, et il l'abolit en 1991.
Le roman, ce sont les services secrets de l'ANC ou pro-Mandela, et des Boers. Une exécution est programmée par ces derniers, les fanatiques, avec comme exécutant un membre de l'ANC. Sauf qu'il ne saura pas jusqu'au dernier moment qui est la vraie cible, et bien entendu on lui fait croire, sans le dire, que c'est de Klerk. Ce tueur a grandi à Soweto, il a connu l'humiliation, et pire que l'acceptation, son acceptation obligée, sous peine de mort. Il est donc devenu voleur, tueur, pour survivre, dans la haine la plus profonde de ces Blancs qui lui interdisent tout.
Quoi de plus porteur que de faire tuer Mandela par un Noir ? Et quoi de plus facile, se disent certains fanatiques Boers ? Les Noirs ne peuvent que nous obéir.
Pour ces Boers, leur peuple élu ne se soumettra jamais. La libération de Mandela depuis Rodden Island, après 27 ans de détention, leur parut une déclaration de guerre. le Président de Klerk devenait à leurs yeux le traitre de la nation. le bain de sang inéluctable allait enfin rendre à la Confrérie des Boers son pouvoir déjà affirmé par l'apartheid.
Services secrets, donc, dont on apprend les agissements contradictoires, semer la panique pour asseoir le pouvoir, conspirer pour conduire le pays au chaos, s'assurer des tueurs des ex du KGB, qui, eux, savent, et pour cela délocaliser… mais oui, en Suède, pays où il est facile d'entrer illégalement, ainsi qu'analyse de ce qu'est l'apartheid, où les Noirs sont simplement dépossédés d'eux mêmes. « Passer de n'être personne à être quelqu'un, c'est le voyage le plus long que puisse entreprendre un être humain. »

Une fois ceci dit, le roman n'en finit pas de terminer.
Voilà, et Kurt Wallander doit se débrouiller avec cet noeuds de vipères, sans savoir qu'une lionne blanche apparait et dénoue sans le savoir ce noeud. Et renversements inattendus, je n'en dirai pas plus, même sous la torture.
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