AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de KiriHara


Jean des Marchenelles, de son vrai nom Jean Dancoine, est un auteur de pièce de théâtre, de romans et de fascicules né près de Lille juste avant la Première Guerre mondiale et qui laisse, derrière lui, principalement des comédies de théâtre et les aventures du détective Francis Bayard, alias le « sphinx ».

Bien qu'il fut également journaliste, éditeur et directeur de collections, c'est avant tout pour son oeuvre policière autour de son détective récurrent qu'il m'intéresse.

Si Francis Bayard n'est pas d'une originalité folle, c'est avant tout par l'humour de son auteur, la maîtrise du format court (même si Francis Bayard vécut quelques aventures en romans) et un certain second degré sur sa propre condition que sont intéressantes les enquêtes du Sphinx.

Celles-ci s'étalent principalement au début des années 1940 et dans la collection « Police Privée » dirigée par l'auteur lui-même, sous le format fasciculaire de 32 pages.

Mais on retrouve également le personnage dans deux fascicules de la « Collection Rouge » des éditions Janicot, un de la collection « Main Blanche » et les romans sus-cités.

Un antiquaire est victime de menaces de mort et d'un vol d'une statuette de Napoléon d'une valeur inestimable. Il retrouve ladite statuette chez un savant qui avait tenté de lui acheter. Mais ce dernier, semblant de bonne foi, assure qu'il n'y est pour rien et n'y comprend rien et propose de faire appel au détective Francis Bayard…

Le format fasciculaire de 32 pages est un format très contraignant et qu'il est difficile de maîtriser. Beaucoup d'auteurs de la littérature populaire s'y sont essayés dès le début du XXe siècle et jusque dans les années 50, le format ayant disparu avec l'arrivée du livre de poche.

Pour autant, si l'on ne compte plus les écrivains qui tentèrent l'aventure, dont certains prestigieux (Georges Simenon, Léo Malet, Frédéric Dard, Jean Meckert…) peu sont parvenus à en tirer sa quintessence.

Si l'expérience est ardue poussant le format jusqu'à son maximum de contenu (environ 12 000 mots) que dire quand celui-ci est encore plus restreint avec des textes de 8 000 mots environ.

On remarque que, dans la collection « Les Grands Détectives » des éditions Modernes dans le milieu des années 1930, même l'excellent Marcel Priollet, sous le pseudonyme de Marcelle-Renée Noll, eut de grandes difficultés à proposer des récits intéressants.

Aussi, il faut bien reconnaître à Jean des Marchenelles sa maîtrise de ce format très court puisque la plupart des aventures de Francis Bayard sont bien en dessous de la barre des 10 000 mots.

Effectivement, nonobstant la qualité intrinsèque du texte, Jean des Marchenelles parvient à chaque fois à proposer un récit structuré dans lequel, jamais, le lecteur a l'impression que l'on a taillé à la hache pour raccourcir le texte et le faire tenir dans le cadre, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

Mais en plus, on appréciera également le style de l'auteur qui, bien souvent, à travers son humour, son second degré sur lui-même (il se fait parfois intervenir comme ami et biographe de Francis Bayard) et ses idées narratives diverses, offre au lecteur le maximum de ce qu'il peut attendre d'une telle lecture.

Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas.

Par manque de temps, d'idée ou par paresse, Jean des Marchenelles, comme tous ses confrères confrontés à ce genre de format, s'est un peu relâché en usant de grosses ficelles, de rebondissements trop usités ou quelque peu incohérents.

C'est le cas dans « le Maître des Ombres » dans lequel on ne retrouve ni l'humour, ni le second degré, ni les idées narratives.

Reste alors la plume de l'auteur et, peut-être, l'intrigue.

Mais l'intrigue sombre un peu dans le n'importe quoi et fonctionne sur un rebondissement final qui peine à convaincre quant aux moyens utilisés pour arriver au résultat espéré.

Ainsi, avec une intrigue tirée par les cheveux et qui ne tient pas trop la route, un manque d'humour et aucune plus-value, reste seulement, pour satisfaire le lecteur, la plume de l'auteur et sa maîtrise du format.

Heureusement, ces deux éléments, à eux seuls, assurent une lecture pas désagréable à défaut, dans certains cas, de pouvoir amener le récit dans les sommets du genre.

Pour la prochaine fois, peut-être.

Au final, plaisant à lire, cet épisode n'en est pas moins décevant par rapport à certains autres de la série qui sont parvenus à l'excellence dans un format très contraignant.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}