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Critique de lechristophe


"Au fil du temps" est un recueil de cinq nouvelles auquel s'ajoute deux versions totalement différentes d'une sixième. Elles datent des années 70 et 80 c'est à dire des débuts de la carrière de George R.R. Martin. Leur longueur est très variable allant de la vingtaine de pages à la centaine. Chacune est introduite par une page explicative de l'éditeur.


La première nouvelle "La forteresse" est pour moi la moins bonne du recueil. George Martin, attiré par l'histoire de la Scandinavie, a écrit une banale histoire sur la reddition historique de la forteresse de Sveaborg en 1808 tenue par les Suédois alors qu'elle était à peine assiégée par les Russes.


La nouvelle suivante "Et la mort est son héritage" a un écho particulier avec l'histoire des États-Unis en 2016. Dans une Amérique à l'époque de la guerre du Vietnam, un populiste xénophobe, appelé le Prophète, parcourt les États-Unis et remplit les stades au cours de meetings gigantesques avec un programme simpliste : police et sécurité accrues, chasse aux noirs, aux communistes et aux hippies (toute ressemblance avec Donald Trump... !!). Un millionnaire anglais qui vient de se découvrir un cancer en phase terminale a décidé d'agir et d'empêcher son élection...


Les États-Unis de "Week-end en zone de guerre" me font penser à l'Amérique de "Marche ou crève" de King. Ici, jouer à la guerre est une distraction banale. Différentes zones de guerre ont été créées dans lesquelles deux camps s'affrontent à balles réelles. Chaque participant gagne des points selon le nombre d'adversaires qu'il a tués ; ces points lui permettant d'obtenir une réduction financière sur son éventuelle prochaine partie. le narrateur s'est inscrit plus ou moins contre son gré avec un collègue-ami qu'il déteste en secret... Comme "Marche ou crève" ou "Running man" de King, cette nouvelle est une critique de la violence aux États-Unis et de la déliquescence de la société américaine.


Changement de genre pour les deux nouvelles suivantes puisque nous entrons dans la science-fiction. "Une affaire périphérique" est une nouvelle de space-opera. Les humains ont colonisé de nombreuses galaxies, ont guerroyé contre des races extra-terrestres mais sont maintenant en paix avec. Mais la disparition soudaine d'un vaisseau éclaireur humain risque de raviver la guerre surtout si l'amiral en charge du secteur est un belliciste qui n'attendait que cet incident pour redorer son blason...


Dans "Vaisseau de guerre", le dernier survivant d'un équipage décimé par un virus introduit par des extra-terrestres a décidé de faire exploser le vaisseau spatial. Or, ce vaisseau spatial est ultra-moderne et surtout robotisé à la manière de HAL de "2001, l'odyssée de l'espace"...


Les deux dernières nouvelles et les plus longues font appel au concept de voyage dans le temps. "Variantes douteuses" est basée sur le jeu d'échecs, une des passions de George Martin. Au cours d'un tournoi d'échecs entre universités américaines, un joueur a perdu une partie importante. Les trois autres membres de son équipe, dont il était le souffre-douleur, le lui ont reproché amèrement pendant des mois. Dix ans plus tard, devenu richissime, il invite, dans sa fastueuse maison perdue dans les montagnes du Colorado, les trois autres membres de l'équipe qui, eux, ont tous raté leur vie. Il leur annonce qu'il a inventé une machine à remonter le temps lui ayant permis de s'enrichir puis par vengeance de faire capoter leur vie professionnelle. Il les défie alors en rejouant la partie qu'il avait perdue autrefois. La récompense est l'utilisation de sa machine à remonter le temps... Nouvelle d'une centaine de pages et qui pourrait sembler indigeste à tous ceux que les échecs n'intéressent pas. de plus, on a la retranscription de pages et de pages de mouvements de pièces d'une partie déjà entamée dont nous ignorons la disposition initiale des pièces. George Martin aurait dû insérer un croquis de l'échiquier de la partie entamée ce qui nous aurait permis de suivre la partie et les cheminements du narrateur !


La dernière nouvelle "Assiégés" est une nouvelle version de la première nouvelle "La forteresse". Dans un monde post-apocalyptique, les humains, ayant inventé le voyage temporel, essayent d'empêcher la guerre nucléaire qui a eu lieu (Martin l'a écrite pendant les années 80 et la Guerre Froide) en modifiant quelques événements du passé. Ainsi, en empêchant les Russes de capturer la forteresse de Sveaborg, on évite à la Russie de grandir, au communisme de naître, à l'URSS de voir le jour, il n'y a pas de Guerre Froide et les deux blocs américain et soviétique n'anéantissent pas la Terre avec leur guerre nucléaire. Pour voyager dans le temps, des humains mutants parviennent à prendre le contrôle de certaines personnes du passé. Dans le cas actuel, c'est le colonel qui était à la tête de la mutinerie dans la nouvelle "La forteresse" qui a été choisi. Mais évidemment, tout n'ira pas comme cela avait été prévu...


Comme tout recueil de nouvelles, la matière est de qualité inégale. J'ai attendu en vain le rebondissement dans la nouvelle "La forteresse" mais il n'est jamais venu. de même, "Variantes douteuses" est très (trop !) longue par rapport aux autres et, comme je l'ai déjà écrit plus haut, ceux qui sont hermétiques aux échecs vont passer à côté.
Dans l'ensemble, un recueil qui va démontrer que George R.R. Martin n'est pas que l'auteur de la série de fantasy "Game of Thrones" et peut également écrire de la science-fiction par exemple. J'en remercie donc Babelio, sa Masse Critique et les Éditions ActuSf de m'avoir fait découvrir ce recueil.
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