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Critique de Fandol


Dès les premières lignes, Roger Martin place le lecteur au coeur du dramatique problème posé par son livre. Ce thriller très réussi attire notre attention sur le traitement subi par les Noirs dans l'armée des États-Unis d'Amérique. Nous sommes le 14 août 1944, dans la salle de classe de l'école primaire de Derville, en Normandie, et Robert Bradley, soldat noir US, va être pendu pour des faits qu'il nie avoir commis.
Basant son récit sur des faits authentiques, l'auteur revient à l'époque actuelle, à Atlanta, pour suivre Douglas Bradley (22 ans), fils de William Bradley, Directeur des ventes de Coca-Cola. Chez lui, il n'emploie que des Noirs mais n'aime pas qu'ils revendiquent : « S'il y avait quelque chose que William Bradley détestât plus qu'un Noir paresseux, c'était un Nègre contestataire. »
Douglas, contre l'avis de son père, va entrer dans l'armée mais une lettre lui apprend que l'armée ne veut pas de lui sans lui dire pourquoi. C'est David Clarkson, son ancien professeur de physique à l'université, héros du Vietnam, qui lui apprend la vérité. Très difficilement, son père reconnaît que la tombe sur laquelle il l'emmenait enfant, était celle d'un homonyme mais rappelle qu'on le traitait comme « le fils du violeur nègre » avant qu'il rompe complètement avec sa famille.
Commence alors une quête extraordinairement haletante pour Douglas. Il retrouve sa grand-mère qu'on disait morte, sa tante, Rosa et deux cousins… Encouragé par ses découvertes incroyables, Douglas se rend à Philadelphie où le père Davis James (92 ans) lui remet le journal de son grand-père : « Soldat 2e classe Robert Bradley, armée des États-Unis, 958e Régiment noir d'infanterie. » Ce qu'il trouve ne plaît pas du tout en haut lieu et la mort rôde autour du parcours de notre homme qui va mettre en lumière les luttes des Noirs pour l'égalité. Ce n'est qu'en 1948, avec le décret Truman, que celle-ci sera reconnue mais appliquée seulement durant la guerre de Corée.
L'épopée de Douglas se poursuit en France avec des rebondissements maintenant le lecteur en haleine. L'actrice Myriam Boyer lui remet des dossiers contenant une chemise intitulée « Jusqu'à ce que mort s'ensuive… », révélant des renseignements précieux sur la mort de son grand-père et sur le lieu où il est enterré. Au fil de ses rencontres, il découvre la France, à l'opposé des clichés imposés depuis son enfance. le thriller atteint son apogée lorsqu'il va au cimetière US de Fère-en-Tardenois et la tension ne faiblit pas lors de son passage en Belgique où Eddy, ancien compagnon d'arme de Robert Bradley livre un témoignage poignant : « On traitait mieux les prisonniers de guerre allemands ou italiens que les soldats de couleur. »
Ainsi, l'auteur nous apprend les massacres de soldats noirs dans les camps d'entraînement américains mais « on attend toujours la commission d'enquête indépendante qui permettrait d'élucider, parmi une trentaine d'affaires sanglantes, ce que certains appellent « le mystère du 364e régiment d'infanterie », qui aurait vu le massacre délibéré de plus de mille soldats noirs stationnés au camp van Dorn, à quelques kilomètres de la petite ville de Centreville, au coeur d'un Mississipi gangrené par le racisme. »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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