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Critique de gerardmuller



L'homme nécessaire /Bénédicte Martin
Ce roman est véritablement une histoire d'amour, un amour passionné et mouvementé, celui de deux âmes tourmentées, intriquées et emmêlées, toujours au bord de la catastrophe personnelle et intime ou cosmique et universelle. C'est l'amour des corps et des âmes de deux êtres qui ne sont bien nulle part dans un monde mouvant au destin incertain comme le leur.
Et on part en voyage forcément vers d'autres horizons, en Russie, en Sibérie, au Maroc, aux Antilles, en Asie avec une femme aux prises avec les tranquillisants et un homme asservi à l'alcool, tous deux victimes de songes emplis d'une succession d'alarme cataclysmique sur notre civilisation et la fragilité de nos existences qui ne tiennent qu'à un fil.
« Trois semaines passèrent ainsi en Sibérie. Des baisers, du thé, du patin à glace sur le bleu craquelé du lac. Des lectures, de la pêche, de la baise. »
« J'étais heureuse dans les anxiolytiques, lui dans son alcool. »
Une suite de scènes torrides, de digressions en tout genre aux allures wikipédiennes souvent intéressantes d'ailleurs, émaillées d'innombrables citations de grands auteurs, le tout dans style flamboyant certes, usant volontiers de la paronomase, -(Exemple : Dans nos privautés, je me suis revue flatteuse et fellateuse.) - quelquefois agaçant et prétentieux, souvent poétique mais parsemé d'excréments conférant une certaine vulgarité aux propos, le langage passant du sublime au plus cru, au plus trivial, sans érotisme aucun. L'auteure ne suggère rien et ne fait guère appel à notre imagination : tout est dit crûment et sans détour, livré comptant.
Une sorte de roman fourre-tout, écologique, fait le plus souvent de phrases courtes et péremptoires.
La gosse et son mentor extravagant sans écharpe pour un épithalame un peu spécial nous entrainent dans une suite de péripéties sur le fil du rasoir où les prouesses sexuelles prennent une place non négligeables dans une ambiance préapocalyptique pour vivre vite et pleinement une vie qui va s'achever : « En fait, nous vivions en viager le postlude de l'humanité…Le devenir de la grande histoire de l'homme était devenu bien douteux…L'homme à présent piégé à tout jamais dans ses ordures, dans la prétention qu'il a eu sur la nature, dans son inculture, dans son immense gâchis… » Dans son désespoir et un éclair d'espérance, l'homme dit avec émotion pour tenter de pérenniser son amour pour Bénédicte : « Gosse, va avec moi jusqu'à la fosse. Tu comprends ? Là, je te demande de m'épouser. Tu vois, tout n'est pas si désespéré. »
Se peut-il qu'une telle liaison amoureuse puisse perdurer quand Bénédicte lance à son amant dans les moments de tension : « Avec tes dehors soignés, tes joues pourprées d'air frais, les tunnels dérobés de tes formules, le lexique désuet de tes propos verbeux, tu saccages les beaux chemins de l'aventure. » C'est bien écrit certes, mais ça fait mal ! Et cela continue : « …ta phraséologie un peu pompeuse, la verbosité, la sensiblerie calculée, la désinvolture paramétrée, les formules stéréotypées … »
En définitive, ils ne sont jamais bien nulle part, qu'ils soient ensemble ou séparés.
La conclusion : « L'angoisse n'est rien devant la puissance du destin… La fin du monde se fera comme il se doit, mais ce sera plus long. Inéluctable, elle viendra et ça m'importera peu car grosse de mes batailles, j'aurai appris l'impermanence des choses et des êtres. »
Un roman à deux visages, un peu hétéroclite, mais qui se laisse lire.





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