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Critique de jmb33320


Dans ce roman Pablo Martín Sánchez poursuit un travail littéraire qu'on pourrait dire d'inspiration autobiographique, qu'il a brillamment commencé avec « L'anarchiste qui s'appelait comme moi » (enquête sur un homonyme), suivi par « L'instant décisif » (que je n'ai pas encore lu) qui, si j'ai bien compris, est une sorte de tentative à la Tristram Shandy autour du 18 mars 1977, jour de naissance de l'auteur.

Dans ce troisième effort Pablo Martín Sánchez réhabilite ici pleinement le concept d'anticipation. Au fond, le futur lui fait peur et il tente de le conjurer par ce livre. Il s'imagine à 89 ans. Il vit toujours à Reus, en Catalogne. Cette région est alors en attente d'être complètement évacuée de ses derniers habitants. Une guerre civile a eu lieu, suivie d'une vague d'épidémies meurtrières puis enfin d'une troisième guerre mondiale. Un Pacte de la Honte a été signé entre Europe et Etats-Unis, qui a pour effet de donner toute la péninsule ibérique à ces derniers pour y accueillir une immense zone militaire.

Notre Pablo, en compagnie d'une douzaine d'autres vieillards et/ou handicapés, s'est réfugié dans l'enceinte de l'institut Pere Mata, un vaste complexe hospitalier qui existe réellement et est d'ailleurs classé monument historique. Ils veulent tous résister le plus longtemps possible à cette obligation d'évacuation.

Pablo, qui n'écrivait plus depuis très longtemps, va décider de tenir un journal des évènements qui vont se dérouler dans ces semaines finales, avant la date butoir, prévue au 1er octobre. Il va y rapporter les coups durs que vont subir les retranchés, qui manquent de plus en plus de l'essentiel et ne sont pas entièrement à l'abri de la violence d'autres réfractaires errants.

Le sous-titre « Journal d'un vieux cabochard » est bien plus explicite que son titre principal, qui a toutefois le mérite d'insister sur le décalage temporel. Têtu, il l'est indiscutablement ! Il a encore un solide appétit de vivre malgré son état de santé parfois défaillant et les faits tragiques qui vont se produire.

Alors qu'on pourrait s'attendre à un livre très sombre, les passages plus légers et même drôles ne manquent pas. Franchement ce journal d'un vieux cabochard est une grande réussite ! C'est un texte intelligent, qui aborde aussi des enjeux littéraires pointus, rien d'étonnant de la part d'un membre de l'Oulipo.

Je remercie Babelio et les éditions Zulma & La Contre Allée de me l'avoir adressé dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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