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Critique de Deco


Les Thibault.
Près de quatre lustres après cette lecture (et relecture entretemps) de ces cinq gros livres de poche qu'un prof passionné nous avait fait découvrir, quels souvenirs m'en reste-t-il ?
I. le cahier gris ? Très peu de choses, sinon les premiers portraits des principaux protagonistes dans le Paris de 1904.
II. le pénitencier ? La découverte par Antoine des conditions de vie barbares de son frère, qui insiste cependant en lui demandant de donner de l'argent à son gardien tourmenteur. Puis le retour à l'appartement sous la responsabilité d'Antoine. Les débuts de rapports difficiles de Jacques avec Jenny, qui lui montre de l'hostilité. Sa maladresse, (parlant de pigeonneaux « qui tètent encore ! »
III. La Belle Saison.
Cet épisode, par contre, me reste plus présent. D'abord la poursuite de relations ambiguës entre Jacques et Jenny. Mais sa mère, (Thérèse de Fontanin) pressent que l'animosité de sa fille masque en réalité un amour dont Jenny n'est pas encore consciente.
Mais aussi les débuts de médecin d'Antoine, qui sont surtout ici l'occasion de sa rencontre avec Rachel. Ils vivront intensément une relation passionnée. Rachel évoque son passé, sa vie tumultueuse, l'Afrique avec Hirsch, envoûtée par son amant violent, ambigu. (Le « mixed-grill », lorsqu'un coup d'oeil suffit à inviter un noir à les rejoindre dans la chambre). Mais un jour il surprend Rachel à faire sa malle. Hirsch la rappelle. Antoine vit cet épisode comme un déchirement. Il l'accompagne au port pour leurs derniers jours dans une petite chambre d'hôtel. La suivant des yeux jusqu'à ce que le paquebot disparaisse à l'horizon. C'est d'une tristesse insoutenable.
IV. La Consultation.
Ça fait trois ans, que Jacques a disparu, durant les deux jours qu'Antoine passés au Havre pour ses adieux à Rachel. Leur père, Oscar-Thibault, est en train de mourir. Nous avons ici le quotidien de la vie de médecin d'Antoine. Un de ses patients lui explique la situation politique, le danger que montre l'Allemagne belliqueuse.
V. La Sorellina.
C'est le titre d'une nouvelle publiée par Jacques. Antoine la trouve par hasard. Il y découvre le point de vue de son frère sur leur enfance commune. Après des recherches, il le retrouve enfin à Lausanne. (« Point de moutarde sèche au bord du moutardier »), me souviens-je de la description de la petite pension de famille. Jacques se résigne à rentrer à Paris avec son frère lorsqu'Antoine l'informe de l'état de leur père.
VI. La Mort du Père.
Sentant sa fin prochaine, Oscar-Thibault fait un retour sur sa vie, regrettant ses erreurs éducatives. Il y a cette scène forte où Antoine lui donne un dernier bain pour le soulager. Puis, en accord avec Jacques, lui administre une dose mortelle de morphine. Suivi de la grande cérémonie de l'enterrement.
VII. L'Été 1914.
À partir d'ici, l'aspect « famille » du roman cède la première place à la guerre.
On retrouve Jacques qui a rejoint ses amis, militants socialistes et pacifistes à Genève. Quelques figures, dont Meynestrel, « le Pilote ». Jacques vient en mission à Paris où il retrouve Jenny. Ils se déclarent enfin leur amour. Scène où Madame de Fontanin, bouleversée, les découvre au lit. On suit alors de jour en jour, les nouvelles inquiétantes, l'attentat de Sarajevo, l'assassinat de Jean Jaurès. C'est quasiment un reportage très fouillé sur la veille de la guerre, la mobilisation générale où l'auteur ne se prive pas de dénoncer le bourrage de crâne, la manipulation de l'opinion.
Antoine est lui aussi mobilisé. Jacques retourne à Genève. Dans une tentative désespérée et suicidaire, il embarque avec Meynestrel dans un avion pour lancer des tracts incitant les soldats du front à se mutiner. L'avion s'écrase. Jacques, horriblement blessé, est mis sur un brancard de fortune. Son dernier regard est sur le mot de la planche qui le maintient : « Fragil » ! Pris pour un espion, les soldats français l'abattent. Il est mort pour rien.
VIII. Épilogue.
1918. Antoine a été gazé. Une lettre lui apprend la mort de Rachel en Afrique. Il se souvient du collier d'ambre qu'elle portait. « Cette pauvre aventure est, malgré tout, ce qu'il y a eu de meilleur dans ma pauvre vie ».
À l'occasion d'une permission, il revient chez Mme de Fontanin. Elle a fondé un hôpital, aidée par Jenny qui élève le fils qu'elle a eu de Jacques. Il consulte le Dr Philip, son ancien patron. Et devine qu'il est condamné en le voyant lui prendre le pouls en silence. Il se remémore alors une anecdote de son enseignement : l'importance d'avoir une montre, qui permet, sous prétexte de prendre le pouls, de s'accorder quelques secondes de réflexion pour préparer le malade au verdict.
À l'approche de sa mort (il a décidé et va se suicider), Antoine fait le bilan de sa vie dans une réflexion sur les années de guerre et ses illusions de bonheur.
Roger Martin du Gard termine ici sa saga familiale et historique.
Voila les quelques réminiscences qui me restent de ce roman fleuve qui m'a emporté, et soulevé beaucoup d'émotions à sa lecture.







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