AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Osmanthe


C'est l'histoire, dans les années 1930, de deux jumeaux, la fille Miso et son frère Shôyu, abandonnés peu après leur naissance par leur mère Masae Matsuda. Les jumeaux sont d'abord recueillis par une famille d'accueil où ils subissent des brimades puis sont vendus pour évoluer dans un cirque au milieu de phénomènes de foire sous les noms de Tomino pour elle et Katan pour lui. Grande soeur Kim (probablement coréenne) fait office de mère, et couche avec Saburô Nagoya qui joue un shôgun à deux têtes (pour le coup sa 2ème tête est mimée par une casquette un peu spéciale), Shin est une petite fille poilue comme un singe, Elise est une jeune fille à quatre bras et quatre jambes, Kakashi un jeune homme unijambiste, et quelques nabots complètent cette troupe improbable. Ils vivent sous la férule du redoutable Herbert Wang, d'origine germanique, qui avec ses yeux qui se disent merde, son goût pour l'opium et son emprise sur les femmes (il s'est constitué un véritable harem et serait père d'une vingtaine d'enfants !) a tendance à faire flipper...Il est secondé par deux sous-fifres, Laslo Levenshtein et Salvador Fujiyama (clin d'oeil de l'auteur, il fait furieusement penser physiquement au peintre Foujita). C'est que nous sommes dans le célèbre quartier populaire d'Asakusa à Tokyo, connu pour sa vie de rue particulièrement animée pendant dans ces années d'avant-guerre, où se côtoyaient gens de spectacle, du cirque, handicapés, sans-logis, prostituées et profiteurs en tous genres...Disons-le, un véritable bordel, joyeux et dangereux. Régulièrement, on y croise la célèbre actrice désormais retirée des plateaux Utako Utagawa, qu'on a bien reconnu derrière ses lunettes noires...Qu'est-elle donc venue faire ici ? Un jour, un numéro tourne mal pour Katan. Brulé au visage, il est retiré du cirque, éloigné et séquestré, et Tomino est obligée de servir de dame de compagnie à Elise, devenue la reine d'une secte malfaisante...Cette troupe hétéroclite a donc éclaté, et cela semble bien définitif du fait de l'incendie qui a réduit en cendres la baraque foraine...

Un premier volume assez ésotérique, assez décousu où j'ai eu du mal à suivre l'intrigue. Pourtant, la note est élevée car l'auteur crée un univers unique, avec ce fascinant personnage de Wang hautement inquiétant, un côté malsain dans les images et parfois le texte qui fait penser à la peinture expressionniste allemande des années 1920-30 (George Grosz, Otto Dix). La précision du trait est remarquable, qui rend parfaitement l'expression des personnages, dans une représentation très esthétique. Et je dois dire que j'ai été surpris, tellement c'est rare, que les personnages japonais arborent des traits japonais !!! Et c'est tant mieux, je n'ai jamais compris pourquoi les mangakas s'entêtaient à vouloir présenter des personnages totalement occidentaux, qu'ils font pourtant évoluer très souvent à Tokyo ou ailleurs au japon. Volonté de plaire partout dans le monde ? Des complexes ? Voilà qui est bien mystérieux mais totalement généralisé. Donc, rien que pour ce salutaire contrepied et une identité assumée, j'aime !

Toujours est-il qu'au terme de ce premier tome, les questions sont les suivantes ? Tomino retrouvera-t-elle son frère Katan ? Retrouveront-ils tous les deux leur vraie mère ? Et parviendront-ils à s'extraire de ce cirque fou ?
Commenter  J’apprécie          210



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}