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Critique de PageDixHuit


En recevant ce livre (qui est d'ailleurs un très bel objet avec une couverture rigide et un papier épais de qualité) dans le cadre d'une Masse Critique, j'ai d'abord été intriguée par le résumé assez flou, on ne sait pas trop à quoi s'attendre avec ce livre.
Et effectivement, le questionnement permanent est le fil rouge conducteur de ce que je qualifierai maladroitement de roman, faute de mieux. Car ce livre ne rentre pas du tout dans la trame d'un roman classique. Décortiquons ça.

Dur de classer ce livre dans un genre précis tant il est singulier. Ici point de lieu, ni de temps. Juste quelques repères spatiaux, comme une maison et un parc. Nous ne saurons jamais dans quelle ville se déroule l'action. de même pour la temporalité, complètement absente du récit. Les dialogues ont été remplacés par un monologue intérieur incessant. le but ici n'est pas de raconter l'histoire de mais plutôt une histoire qui résonnera dans la tête d'un plus grand nombre de lecteurs. C'est peut-être également pour ça que les personnages (au nombre de 2) n'ont pas de prénom, pas de réelle identité. Il est juste le fils et elle est sa mère. Certains groupes de personnages constituent un écho à ce roman, comme les choeurs du théâtre antique témoins de la tragédie qui se déroulent sous leurs yeux. Car il s'agit bien d'une tragédie présentée ici.

Celle de l'enfermement d'abord. le personnage principal est prisonnier d'une idée unique : posséder sa mère, pour lui seul. Cette idée obsédante l'enferme dans une jalousie maladive qui le pousse à haïr jusqu'aux chiens dont s'occupe sa mère, les considérant comme privilégiés. Il nourrit également une passion dévorante pour les oiseaux, qui représentent la liberté qu'il ne peut lui-même acquérir, prisonnier de sa propre obsession. Cette idée fixe représentée par la volonté de posséder sa mère le retient au sol, et seulement une fois le désir assouvit l'homme pourra-t-il prendre son envol.

L'auteure a souhaité nous laisser dans le flou et ne pas définir de profil psychologique a ses personnages, notamment au "je" de l'histoire, le fils. Même si je comprends la volonté de laisser libre interprétation au lecteur, je regrette qu'un point psycho n'est pas été effectué, même succinct, afin de mieux apprécier le reste du récit. Car le reste de l'intrigue est très déroutant, on ne sait pas ou l'auteure nous emmène. L'intention du fils ne se dessine jamais clairement et seulement à la fin nous comprenons que son but est de posséder sexuellement sa mère, chose qui ne sera rendu possible que par le meurtre de celle-ci.

Je dois dire que cette lecture a été vraiment très troublante. le thème, l'écriture dérangent et à la fois il y a toujours cette fascination inavouée pour le macabre qui nous pousse à lire toujours plus loin. du haut de ses 150 pages, ce livre se termine d'ailleurs très rapidement, d'autant que certaines pages sont consacrées à des illustrations. Je l'avoue, j'ai parfois été mal à l'aise face à certaines descriptions très crues. Pas de poésie dans ce livre, de l'authenticité, même si elle dérange. Il a également beaucoup de répétitions qui accentuent l'obsession du fils.

En résumé, ce livre est le récit de la passion interdite et refoulée, obsédante au point d'en devenir malsaine et qui finira, comme une tragédie grecque, par attendre sa fatalité dans le meurtre et l'inceste inévitables et nécessaire à la libération d'un fils envers sa mère. Un flou permanent nous entoure, et les ressassements intérieurs du protagonistes nous mettent parfois mal à l'aise, mais titillent en même temps notre fascination macabre pour le glauque. Pour ça, c'est un livre que je n'oublierai pas. En revanche, je n'ai pas compris le message de l'auteure et même si je ne suis pas la cible principale de ce livre, j'ai du mal à concevoir comment un tel récit pourrait résonner chez d'autres qui s'identifieraient au fils. Peut-être qu'un développement psychologique n'aurait pas été de trop finalement...
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