AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


On dit que la vie est une folie…

Trois ans et demi après son Goncourt, Nicolas Mathieu nous revient avec un roman aussi puissant que les précédents, véritable cri d'amour littéraire à cette province qui l'a vu naître, à ces vies simples et invisibilisées, et à ces moments de vie charnières où tout semble redevenir possible.

Connemara c'est une jeunesse spinalienne dans les années 80. Christophe y grandit modestement, Hélène un petit peu moins, mais ça se joue à la marge. Cornecourt, 15 000 habitants, l'école, le lycée, les premières soirées… Classique.

Et puis pour elle, l'influence de Charlotte, dont les éclats de la vie bourgeoise éveillent des envies d'avenir plus favorable. Et puis le hockey sur glace pour lui, sport régional fédérateur où il brille sans grands effets pour la suite.

Hélène sort avec Christophe, ils s'aiment, puis la vie les sépare. Classique je vous dis. Des études brillantes amènent Hélène à Paris où les sphères du consulting sans conscience lui ouvrent leurs portes. Elle réussit. Pas sûr qu'elle vive. Christophe, lui, reste vivre au pays. Enfin vivoter.

Vingt ans après, comme chez Dumas, les chemins se recroisent et il suffit d'un Tam tatam tatatatatam entendu à la radio pour que les souvenirs remontent, que la passion reprenne et que l'espérance d'un nouveau départ apparaisse. Comme si la vie était vraiment une folie que l'on pouvait éternellement danser…

En racontant Hélène et Christophe, Nicolas Mathieu raconte nos vies, et même si ça n'est pas tout à fait la mienne, ni probablement la tienne, il y a quand même à chaque page un petit peu de moi, et probablement un petit peu de toi.

À chaque chapitre, Mathieu décrit l'époque, insouciante des années 80 ou déshumanisée aujourd'hui, replongeant le lecteur dans sa mémoire intime, avant de reprendre le fil de son histoire. Il raconte la province comme un provincial, l'amour comme une histoire simple et la possibilité du rebond comme une bouée, peut-être utopique, mais qui le temps de sa durée fait du bien au coeur et aux âmes.

J'ai aimé retrouver l'écriture simple mais régulièrement fulgurante et débordante d'humanité de Nicolas Mathieu, qui n'est pas sans rappeler celle d'une Marion Brunet qui se serait égarée en Lorraine. J'ai aussi apprécié cette Lettre à France (from Sardou to Polnareff) d'aujourd'hui, désillusionnée mais faiblement éclairée d'une pointe d'espoir persistant.

J'ai aussi regretté quelques temps qui m'ont parus plus faibles dans la deuxième partie, heureusement compensés par un joli final. Et par la sensation à chaque page, de lire un écrivain qui n'a pas fini de compter et de nous raconter.
Commenter  J’apprécie          755



Ont apprécié cette critique (66)voir plus




{* *}