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Critique de Meps


Meps
01 novembre 2023
Je me rappelle avoir lu comme conseil dans un ouvrage intitulé "Polar : Mode d'emploi" qu'il fallait, pour un premier roman, parler d'un univers, d'un contexte que l'on connaît très bien, pour éviter d'ajouter de la difficulté, alors que le simple fait de se lancer dans l'écriture est déjà une gageure. C'est sans doute en suivant ce conseil que beaucoup de jeunes auteurs parlent un peu (beaucoup... ?) de leur vie personnelle dans leur premier roman. C'est sans doute aussi pas mal du à l'époque qui ne jure que par l'autofiction... Peut être pas exclusivement, mais c'est quand même une tendance forte.

Quand on compare la vie du personnage principal du roman et quelques éléments biographiques de l'auteur, on comprend qu'on est en face de ce genre de premier roman. C'est assez étonnant comment l'auteur glisse quelques indices plus ou moins flagrants que c'est le cas (le personnage s'appelle Sitam... Lisez ma chronique dans un miroir et vous comprendrez où je veux en venir...) et comment il tente aussi de brouiller les pistes, notamment quant au contexte spatio-temporel. Par exemple, il évoque clairement des événements s'apparentant aux attentats de Paris de 2015... mais invente une actualité où ceux-ci se généraliseraient rapidement à toute l'Europe. Ou il situe une bonne partie de son roman dans la banlieue où lui-même a grandi, mais la surnomme tout au long du récit, la grisâtre, sans jamais dire plus précisément de quel lieu il s'agit. le roman dans le roman et la mise en abyme sont plutôt bien réussis et renforcent cette identification personnage-auteur.

L'ambivalence se retrouve jusque dans le style où la langue s'apparente à un argot de titi parisien des années 50, pourtant plongé dans une époque bien contemporaine. Cela donne un récit agréablement fouillis où on goûte clairement la musicalité mais où on flotte un peu entre réel et réalité. On est trop proche de notre monde pour s'envoler vraiment, trop baroque pour arriver à vraiment s'accrocher. L'expérience est loin d'être mauvaise, c'est un produit avec des vrais morceaux de littérature à l'intérieur mais j'aurais aimé parvenir à plus m'attacher à des personnages touchants mais qui semblent parfois manquer de chair. Archibald, Capu, Benji ne semblent demander qu'à nous émouvoir mais je me suis retrouvé à un certain moment plus spectateur qu'impliqué.

Il reste de vraies jolies promesses pour un premier roman d'un tout jeune homme qu'on sent meurtri par son époque et son histoire et qui cherche encore le meilleur moyen de nous inviter dans son monde. Gageons que je pousserais sans doute à nouveau la porte de cet univers puisque deux autres livres sont venus garnir ses étagères et que j'ai bien envie de voir comment il a négocié le virage de la confirmation, en se renouvelant tout en gardant sa voix singulière.
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