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Critique de April-the-seven


Quoi de mieux pendant l'été que de plonger dans une histoire prenant place sur une île paradisiaque, déserte et loin de toute civilisation ? Sous un cagnard brûlant, les pieds léchés par une eau turquoise et le cri des oiseaux pour seule compagnie… Hummm, le rêve. Voilà, Nil, c'est ça : un roman qui sent bon l'été et les cocotiers ! Et il faut dire que j'étais vraiment impatiente de le commencer depuis que je l'avais en ma possession. Sans avoir lu le résumé, je m'étais référée à la phrase d'accroche qui m'a littéralement harponnée. J'étais prête à me lancer dans l'aventure. Bon, j'ai un peu déchanté, car même si c'est un livre agréable, j'ai été dérangée par bon nombre de petites choses.

Un jour où Charley, 17 ans, se rend dans un magasin, elle se retrouve catapultée dans un endroit inconnu, complètement nue et désorientée. La jeune fille va vite comprendre qu'elle vient de mettre les pieds sur une île en apparence paradisiaque, mais où la survie est le maître mot. Heureusement, elle n'est pas seule : d'autres adolescents sont également captifs dans cet endroit de rêve, et ont construit une petite société à eux seuls pour survivre. La seule façon de s'échapper est d'attraper une porte, une espèce de portail chatoyant qui apparaît de manière aléatoire sur l'île chaque midi. Ses portes sont très difficiles à trouver, et ils ne peuvent pas l'emprunter à plusieurs. Pire encore : ils ne disposent que de 365 jours à compter de leur jour d'arrivée pour en trouver une, sinon, c'est la mort. Et comme si ce n'était pas assez compliqué, Charley se sent attirée d'une irrépressible manière par Thad, un garçon du groupe. Hélas, tomber amoureux dans cet enfer constitue un risque non négligeable…

Commençons par les points positifs… Je l'admets, j'ai été soufflée par l'intrigue que j'ai trouvée foutrement originale ! Je partais pleine d'entrain et paf, j'étais dedans ! Ça m'a laissé une impression familière, comme ce que j'ai pu ressentir en lisant Hunger Games ou encore L'épreuve. Puis j'y ai retrouvé le côté survie des télé-réalités telles que The Island et Koh Lanta. C'est l'un des gros points forts de ce roman : il pique suffisamment la curiosité pour qu'on ne voie pas les pages se tourner. Je suis arrivée à la fin beaucoup trop vite à mon goût.

L'auteur sait particulièrement bien ménager son suspens et m'a poussé à m'inquiéter pour de nombreux personnages, à espérer que chacun trouve sa porte et rentre chez lui – bon, peut-être pas pour tout le monde, c'est vrai.

Nil offre un terrifiant paradoxe : cette plage de sable fin, ce décor de rêve pour n'importe quel vacancier… Mais une fois dessus, les fantasmes s'effritent, pour laisser la place au danger, aux bêtes sauvages et aux manigances. L'île est vicieuse et constitue un véritable traquenard. Y survivre est un combat permanent.

J'ai beaucoup aimé l'enquête et les stratégies qui tournaient autour de l'évasion. L'arrivée de Charley semble accélérer le temps sur Nil. La jeune fille va apporter une nouvelle base de réflexion au groupe, et lui donner une petite source d'espoir. Bon, il est vrai que ses réflexions sont un peu basiques, et je me suis étonnée que durant toutes ces années, personne n'y ait pensé ! Mais bon, je vous laisse découvrir cela par vous-même.

Passons à ce qui fâche ! Dans sa globalité, j'ai bien aimé ce livre, mais certains éléments sont soit pas assez creusés, soit incongrus, soit invraisemblables.

Pour commencer, on trouve bons nombre de clichés relatifs à la littérature Young-Adult. Notamment concernant l'histoire d'amour presque surréaliste. Prenez Charley et Thad : deux gravures de mode, beaux comme des dieux, minces comme des ficelles (voire maigres, ça nous est bien souvent répété), intelligents, réfléchis et tout et tout. Ils se rencontrent et là… c'est le coup de foudre. Lorsque Thad tombe sur Charley, la première réflexion que cette dernière se fait est que le jeune homme est canon comme Apollon. Hum.

Après 48 heures, ces deux-là ne peuvent déjà plus envisager la vie l'un sans l'autre. Pour être tout à fait honnête, si je me retrouve sur une île déserte, livrée à moi-même et sans espoir de m'en sortir à moins de trouver une porte sortie de nulle part, je pense à tout sauf à reluquer les mecs, si sexy puissent-ils être. Ils ont faim, sont coincés, voient leurs amis mourir, mais ils trouvent tout de même le temps de se dévorer du regard et nourrir leurs fantasmes. Tout va trop vite pour réellement croire à l'éclosion de leurs sentiments. Puis leur amour est linéaire, il n'y a ni haut ni bas, juste une grande ligne droite et aucune évolution dans leur attachement mutuel. L'auteur ne fait pas de mystères : dès le début elle nous fait comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre, ce qui peut vite tourner à la mièvrerie. Un roman de cette qualité aurait très bien pu se passer d'une histoire d'amour. Il n'en aurait été que meilleur !

Ensuite, il y a Charley qui réagit avec une étonnante sérénité, face à ce qu'elle vit. Quand on la voit à travers les yeux de Thad elle est juste… trop parfaite. C'en est agaçant. Elle réagit chaque fois de manière adéquate, mesurée, fait toujours ce qu'il faut, jamais un pet de travers. Moi qui aime les personnages un peu cabossés et maladroits, fichtre, grosse déception !

Oh, et parlons des petits désagréments de la vie quotidienne et des joies de la nature : les poils ! À quel moment on en parle, des poils ? Pour une adolescente soucieuse de ce qu'elle porte, les poils devraient être un gros problème, non ? À moins que toutes les filles de l'île soient passées par la case « chirurgie laser » avant d'arriver sur Nil… Ou alors c'est moi qui fais une fixette ? Honnêtement ça m'a trotté, mais évidemment, ce n'est qu'un petit détail humoristique de ma part !

Autre chose : je n'ai pas compris le fait que chaque adolescent se voit attribué une tâche en fonction du métier de ses parents. Charley et son oncle ingénieur des ponts et chaussées, Jillian et sa mère kinésithérapeute, Nathalie et son père urgentiste... C'est peut-être un détail, mais je n'ai pas trouvé ça logique. La compétence d'un métier ne s'acquiert pas par le sang, mais par la formation, l'apprentissage... Si mon père à moi est chirurgien, cela signifie-t-il que je sois en mesure d'opérer quelqu'un ?

Ces tout petits détails mis bout à bout finissent par occulter l'impression première que j'ai pu me faire avec l'intrigue. Pour beaucoup, il s'agira sans doute de petites incohérences ou maladresses qui n'entachent pas vraiment le reste, mais pour moi, ça peut vraiment m'empêcher d'apprécier une histoire, au demeurant excellente et prenante.

En résumé, Nil est un huis clos original qui prend place dans une ambiance oppressante. Même si j'ai trouvé que l'intrigue était bien construite, l'idée qu'elle ne soit là uniquement pour servir la romance m'a titillée. Romance qui ne m'a pas convaincue, malheureusement. Lynne Matson, s'est, selon moi, perdue dans les clichés de la littérature Young-Adult. Même si je n'ai pas adhéré à tout, je lirai la suite avec plaisir, car ils restent beaucoup de mystères à éclaircir.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
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