AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LaChimere


Dès les premiers chapitres du manga, le décalage entre les aspects scolaire et criminel de l'intrigue est mis en valeur : une trentaine de collégiens sortent brusquement des armes de sous leurs tables et noient leur professeur, en train de faire l'appel, sous un tir nourri et meurtrier… Ce contraste est un point d'originalité indéniable pour l'histoire, et il sera largement exploité : dans tous les autres mangas alliant un milieu scolaire et des personnages assassins, l'atmosphère est au contraire sombre, assez sérieuse, et laisse la part belle aux effusions de sang. Ici, personne ne se blesse (c'est un peu le problème de nos héros d'ailleurs) et l'ambiance est bon enfant, toujours encline à déraper et à changer les enjeux importants en une bonne tranche de rigolade. le sujet même du manga est complètement farfelu, et le personnage principal, Koro-sensei, prête bien plus à la dérision qu'à la gravité…
Koro est un véritable poème à lui tout seul. Alors qu'il menace de réduire l'humanité à néant au terme de l'année scolaire, il se comporte avec ses élèves comme un simple professeur un peu bêta et très bienveillant. Entre son physique singulier et ses habitudes douteuses, il est pour moi le meilleur protagoniste de la série (c'est le préféré du fandom de toute manière). Il y a un constant décalage entre ses réactions parfois idiotes ou mal placées, et ses capacités hors normes, tant physiques qu'intellectuelles, qui donnent un côté fantaisiste à l'histoire tout en rappelant avec justesse qu'il est largement capable d'anéantir la Terre comme il l'a promis, malgré son apparente gentillesse… Une heure de pause ? Koro va s'acheter un thé en Chine. Il va regarder un match de baseball aux Etats-Unis. Et en été, lorsque la chaleur l'accable, il passe son temps libre au sommet de l'Everest… Tout dans la démesure, mais c'est aussi ça qui fait son charme.
Koro est toujours sous les feux de la rampe, mais les autres personnages ne sont pas moins profonds en conséquence, au contraire. Nous avons toute une classe de collégiens à découvrir, qui partagent le quotidien de Koro, et chacun d'eux sera exploité le moment venu, selon les aléas de l'intrigue et ses caractéristiques personnelles. Certains ont des rôles récurrents, Karma et Nagisa par exemple, mais comme il était bien trop difficile de maintenir constamment trente héros sur le devant de la scène sans perdre le lecteur, Yusei Matsui a trouvé une parade efficace pour modérer le nombre de protagonistes tout en se laissant une confortable réserve de caractères à développer au besoin. le fait de découvrir ces adolescents au fur et à mesure que l'intrigue avance aide aussi à s'attacher à eux petit à petit et à garder un constant goût de nouveauté au fil des tomes. C'est que les scènes peuvent devenir un peu répétitives à la longue, certains schémas se répètent : un nouvel élève ou un nouveau professeur envoyé par l'Etat vient tenter de tuer Koro, la 3-E met au point un nouveau plan pour l'assassiner, un voyage scolaire s'annonce, ou bien on rentre en période d'examens… Mais les personnages se succédant au premier plan permettent un renouvellement continuel, empêchent la lassitude, et mine de rien, l'intrigue progresse doucement.
Koro est un être nimbé de mystères et on en apprend davantage sur lui très lentement, mais sûrement. Quelle est sa nature profonde, le secret de sa puissance, d'où est-il originaire, pourquoi avoir voulu être professeur de la 3-E ? Autant de secrets qui s'éclairent peu à peu, par touches très rapides et discrètes : à peine une allusion dans une conversation, ou bien un dessin flash-back. de quoi faire durer efficacement une histoire qui, par sa construction de base, pouvait redouter d'ennuyer rapidement son public.
Et enfin, parlons un peu du dessin. Je n'ai pas grand-chose à dire dessus : simple et dynamique, il néglige souvent les arrière-plans au profit de banals fonds blancs, mais c'est relativement peu dérangeant puisque la narration et les rebonds de l'intrigue sont, dans ce manga, bien plus importants que les décors. du tome 1 au tome 7, le coup de crayon de l'auteur a peu évolué, mais c'est plutôt normal : Koro est un personnage très facile à dessiner et dont les caractéristiques seraient dures à changer. Quant aux autres personnages, ils apparaissent assez peu individuellement, aussi l'auteur ne prend pas assez « l'habitude » de les dessiner pour que leur design se modifie trop ; du moins, c'est ma théorie.
Lien : https://lemondefantasyque.wo..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}