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Critique de Foxfire


Macabre, romantique, tortueux, épique… Les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer le fameux « Melmoth » de Maturin, considéré à juste titre comme un grand roman gothique. Il n'est guère étonnant que ce roman ait produit un effet considérable sur nombre d'auteurs, De Balzac à Lovecraft en passant par Baudelaire. « Melmoth » est un roman puissant et intense.

Tout au long de ma lecture, j'ai beaucoup pensé au « manuscrit trouvé à Saragosse », le chef d'oeuvre de Potocki. Il faut dire que les deux romans partagent le même procédé des récits enchâssés. Mais là où Potocki proposait un ensemble assez fou où le lecteur perdait tous ses repères et s'égarait avec délectation dans des histoires n'ayant entre elles qu'un lien très ténu, Maturin propose au contraire un récit totalement cohérent malgré les nombreuses histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres telles des poupées russes. L'ensemble tend vers un dénouement qui donne tout son sens à cet enchevêtrement. Toutes les intrigues tournent autour du personnage de Melmoth, et ce même s'il est quasiment absent de certaines. Mais même lorsque ses apparitions sont fugaces son ombre plane sur le récit. Et quelle ombre ! Figure Faustienne par excellence, Melmoth est un personnage à la fois inquiétant et tragique. Je ne veux pas trop en dire sur les intrigues, une grande partie du plaisir de lecture provient du sentiment qu'on a, en tant que lecteur, d'être entraîné dans un voyage au fil des pages. Je vais simplement dire que la réputation de sommet du roman gothique attribuée au roman de Maturin n'est pas usurpée. Outre le thème Faustien qui est un des motifs classiques du genre, on retrouve tous les éléments qui font le charme de ce registre de l'épouvante. On a donc droit à des décors brumeux, des châteaux sombres, des églises en ruine, des souterrains lugubres, des alchimistes, des amours tragiques, des malédictions, des monastères aux allures de prison, des cachots de l'inquisition… Bref, tout y est et pour ceux qui aiment ce registre c'est un régal. D'autant plus que l'écriture de Maturin est splendide et participe pleinement à la réussite de l'ambiance. Au passage, je salue la traduction de Jacqueline Marc-Chadourne même si j'aurais été curieuse de lire ce qu'aurait donnée une traduction de Baudelaire, qui avait envisagé de traduire l'oeuvre.

J'ai été totalement séduite par l'atmosphère gothique à souhait de ce roman magistral et par l'écriture magnifique de son auteur. Cette lecture m'a donnée envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur dont l'influence est considérable.
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