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Critique de Andarta


Pour commencer, merci à Babelio et aux Presses de la cité pour cet exemplaire du « Mystère Dyatlov ».
Le 1er février 1959, neuf jeunes randonneurs expérimentés, diplômés ou en passe de l'être de l'Institut Polytechnique de l'Oural, meurent au pied du mont Kholat-Siakhyl, la « Montagne des Cadavres » en langue mansi. Les recherches tardent à être lancées et la découverte de leurs corps fin février et début mai ainsi que de leur tente, déchirée de l'intérieur, n'est alors que le début d'une enquête sur ce qui deviendra un vrai mystère : qu'est-il arrivé à ces neuf jeunes gens aguerris pour qu'ils s'enfuient ainsi en pleine nuit, si hâtivement qu'ils sont tous encore en chaussettes et certains même en linge de corps ? Et pourquoi l'Etat russe s'est-il emparé de cette affaire pour la classer sous le sceau du secret d'Etat ? Quarante ans plus tard, la jeune Ania, écrivain, tente de résoudre à son tour l'affaire, découvrant les documents officiels, les témoignages, les journaux, qu'elle rapporte dans son texte au fur et à mesure de ses investigations…
Je n'avais jamais lu de « roman-réalité » auparavant. Des romans basés sur un fait divers que l'auteur exploite et narre à sa sauce, oui, mais jamais ce genre de récit. En effet, à travers le personnage fictif d'Ania (une image de l'auteur du livre), personnage qui parle à la première personne, on découvre tous les documents réels, officiels et vérifiables portant sur une affaire qui n'a toujours pas été résolue à ce jour. L'effet est saisissant et peut aussi créer une certaine forme d'angoisse, dans cette fascination étrange qu'on ressent en progressant dans la lecture. Car à travers tous ces documents, ces rapports, ces relevés, ces journaux, rien ne vient éclairer réellement l'énigme du groupe Dyatlov. L'interrogation est là, taraudante, et quand une réponse partielle arrive, d'autres éléments remettent tout en question. La réalité se transforme en fiction et tout devient possible, même le plus farfelu. Les moments de normalité, apportés par le personnage d'Ania et son entourage deviennent eux-mêmes une question : fiction mimant le réel, avec une dose de surnaturel et de fantastique savamment dosée, dans une mise en abyme osée.
Autant le dire, j'ai commencé la lecture sans trop savoir à quoi m'attendre et je ne l'ai plus lâché avant de l'avoir terminé. L'ouvrage est aisé d'approche, le vocabulaire (en dehors des documents officiels) est courant, parfois familier, sans fioriture inutile, le style direct et il faut saluer le travail de la traductrice. Ania est une jeune femme moderne qui vit sa vie comme elle l'entend et l'assume, une vie normale que le surnaturel vient doucement bousculer pour la pousser à enquêter sur le groupe Dyatlov. En tant que lectrice, je me suis d'ailleurs prise au jeu, cherchant en parallèle avec le personnage – et l'auteur – à résoudre le mystère sur les derniers instants de ces randonneurs. Bien évidemment, l'histoire de ces derniers, leur âge, leur expérience du terrain et leur niveau de qualification, tout est réuni pour une tragédie moderne, car en déroulant au fur et à mesure leurs derniers jours, on sait déjà comment cela va se terminer pour eux, et pourtant, malgré nous, on s'y attache un peu.
Le seul petit souci que j'ai relevé (et encore, c'est tout à fait personnel et cela n'a rien à voir avec l'écriture ou autre), c'est que n'étant pas habituée du tout à la littérature russe, je me suis vite retrouvée à nager totalement entre les noms et surtout les diminutifs ! Evidemment, le fond de la trame se calquant sur les documents d'un fait réel transposés de façon brute, les noms sont véridiques et du coup, l'auteur n'y est absolument pour rien si certains semblent trop proches à l'oreille occidentale. Pour m'aider à m'y retrouver, je me suis carrément fait une petite fiche des personnages avec tous les diminutifs apparaissant les concernant… Une fois cette aide en place, le reste a été beaucoup plus simple, je le reconnais.
La couverture du livre est une photo en noir et blanc du groupe en train d'avancer vers un horizon indéterminé, le blanc de la neige se fondant très vite avec le gris du ciel. A noter qu'il s'agit là d'une reproduction d'une photo réelle, prise par l'un des membres du groupes Dyatlov, durant leur randonnée fatale. Là aussi, l'effet est saisissant, je dois dire. Surtout une fois que l'on referme l'ouvrage après en avoir terminé car tout se met alors en perspective et immédiatement le symbolisme saute aux yeux. de même que le groupe disparaît dans la brume, de même le mystère de leurs derniers instants reste entier. A nous de nous faire notre propre opinion, dès lors…
En conclusion, ce livre a été passionnant, la façon dont les documents réels ont été inclus dans le récit bien réalisée et si le personnage-enquêteur donne ses impressions et ses avis, cela n'empêche en rien de nous forger les nôtres, puisque tout reste ouvert. Jusqu'à la fin. Ce fut donc une excellente surprise pour moi et je le conseille vivement à toux ceux pour qui les questions sans réponse et le surnaturel ne rebutent pas.
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