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Critique de Lazlo23


Hiver 1940 : les troupes de Mussolini pénètrent en Grèce. C'est le début d'un long cauchemar de quatre années qui va faire des centaines de milliers de morts et déboucher sur une horrible guerre civile.
Et pourtant, la chance commence par sourire aux Grecs, qui bousculent rapidement les Italiens et les obligent à se replier en Albanie.
Mais voilà, l'échec de son imprudent allié va contraindre Hitler à intervenir. Au printemps 1941, la Grèce est défaite, son territoire partagé, et ses récoltes saisies par les occupants allemands, italiens et bulgares, ce qui va occasionner une épouvantable famine dans les campagnes et surtout dans les villes. Le gouvernement fantoche du général Tsolakoglou et son administration corrompue s'avèrent incapables de faire face à la situation ; leur incurie laisse alors le champ libre à l'EAM, une coalition de gauche, dominée par le parti communiste, dont les membres prennent en main la gestion d'une partie du pays et organisent la résistance armée.
La suite n'est que trop prévisible : aux actions des résistants, les célèbres andartes, les forces de l'Axe répondent par des représailles de plus en plus féroces. En quatre ans d'occupation, ce seront ainsi quelque 1000 villages qui seront détruits, et leur population massacrée. 1000 Oradour-sur-Glanes ! S'y ajouteront la déportation et la mort de la très importante communauté juive de Grèce, descendant en grande partie des Juifs expulsés d'Espagne en 1492 et parlant le ladino.
Nourri par de très nombreux témoignages et documents, ce livre de l'historien américain Mark Mazower excelle à restituer l'atmosphère d'épouvante qui règne alors en Grèce, une période où « la menace permanente d'une violence apparemment aléatoire et aveugle est devenue [pour les habitants] l'élément central de leur mode de vie. » Mais il analyse aussi de manière très convaincante ce que l'auteur appelle la « logique de la violence », mélange de considérations idéologiques aberrantes (fondées avant tout sur des présupposés raciaux), et de basse cupidité : en effet, non contents de massacrer à tour de bras, les soldats allemands (rejoints sur ce point par leurs homologues italiens) ne cesseront de piller, spolier, racketter des civils terrorisés.
En dépit d'une traduction souvent médiocre, « Dans la Grèce d'Hitler » est un livre passionnant, dont la lecture aide peut-être à comprendre pourquoi la Grèce d'aujourd'hui a autant de mal à accepter des réformes imposées par une Union européenne largement dominée par l'Allemagne.
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