Je suis bien embêtée pour dire ce que j'en pense de cette fameuse
Betty qui chavire les coeurs et fait s'envoler les âmes cette année. Je dois avoir un peu trop de littérature américaine au compteur,car tout au long de ma lecture j'ai oscillé entre plusieurs ressentis sur ce livre : merveilleux ou surfait? unique ou déjà vu?
Pour le merveilleux, il y a la figure du père extraordinaire d'amour, de poésie et d'abnégation, il y a toutes ses histoires puisées dans ses racines cherokee dont il nourrit l'imaginaire de ses enfants, il y a le lien puissant qui l'unit à sa petite
Betty, et ceux qui unissent la fratrie.
Il y a aussi le talent singulier de l'auteur à faire surgir des images saisissantes et inspirantes, des plus belles aux plus horribles; il y a cette construction de l'intrigue en tableaux successifs qui donne l'histoire de
Betty et de sa famille à voir autant qu'à lire.
Malgré tout cela, je n'ai pas pu m'empêcher de tiquer sur un sentiment de déjà vu, à commencer par le personnage central si répandu ces dernières années d'une "enfant malmenée par la rudesse de la vie mais résiliente car elle comprend les choses comme une adulte", dans une histoire où l'on croise bon nombre de thèmes en vogue : enfance violentée, racisme, famille dysfonctionnelle.
Mais la plume est belle, vraiment, et si je n'ai pas poussé jusqu'à la cinquième étoile c'est qu'au final ce n'est pas le personnage trop artificiel de
Betty qui m'a emmenée dans ce roman mais bien plus les autres : outre le père déjà évoqué, celui de la soeur qui rêve d'étoiles et de l'autre qui en tombe, du petit frère qui tremble de ses démons intérieurs et de l'autre qu voudrait voler, jusqu'au personnage épouvantable de la mère, d'une présence terrifiante.
De beaux éclats de lune dans cette histoire, dont je n'aurai pourtant pas perçu la danse.