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Critique de Patlancien


Monsieur Toussaint Louverture a l'habitude de nous gâter avec la couverture de ses éditions. Pour les Aiguilles d'Or, il ne déroge pas à la règle. Il nous livre à nouveau une reliure à la magnifique livrée rouge et or, digne des enluminures qui faisait la réputation des beaux ouvrages Hetzel du début du siècle dernier. Mais comme le dit si bien le proverbe "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse"…cette ivresse, cette joie de lire, voyons si je l'ai trouvée.

Michael McDowell est un écrivain mais c'est aussi le scénariste de l'Étrange Noël de Monsieur Jack et du Beetlejuice pour lequel il obtient un Saturn Awards en 1990. Ce professionnel du scénario sait grâce à son style et sa prose nous tenir en haleine du début à la fin de son roman. Son écriture a le mérite de se lire facilement et sans prise de tête. Il nous prend par la main sans nous lâcher et nous emmène ainsi à sa suite dans les rues et les recoins du New York de cette fin du XIXe siècle. le rythme est enlevé et les actions sont carrées et bien construites. Il n'y a rien à y redire et on se retrouve dans un vrai page-turner. Les scènes sont cinématographiques et permettent aux lecteurs d'imaginer sans effort les rebondissements et autres péripéties du livre.

Si McDowell semble être à l'aise avec sa caméra-plume, celle-ci reste pourtant assez superficielle quand elle survole les personnages du roman. On est très loin voire éloigné de l'approche détaillée des Balzac et autre Victor Hugo. Chez ces auteurs classiques, le personnage n'est pas seulement un individu avec un nom, il a une dimension humaine qui lui donne une réalité évidente, une existence certaine, une épaisseur tangible. Ici on se place plutôt dans l'univers du « soap opéra » celui des séries télévisées où « les mélodrames, le sexe, l'argent et les crimes sont les maîtres mots ». Les Stallworth et les Shanks du livre n'ont rien à envier aux Capwell, Lockridge ou autres Abbots et Newman des feuilletons TV à succès. Notre Triangle Noir newyorkais des Aiguilles d'Or n'est pas très éloigné de l'univers « impitoyable » d'une certaine ville texane, célèbre par son JR dans les années 80.

Le côté manichéen des Aiguilles d'Or domine à toutes les pages. Cette lutte entre le Bien et le Mal bien que simplifiée à son extrême par McDowell, n'en demeure pas moins la force du roman, le pivot de son histoire. Cette lutte sans merci entre les bons et les méchants sans réussir à différencier le vrai camp des principaux protagonistes, nous tient tout au long de l'histoire. Ce qui n'est pas sans rappeler le magnifique film de Claude Lelouch de 1976 le Bon et les Méchants. On retrouve dans ce film tourné en couleur sépia cette même dualité qui nous met mal à l'aise. Une inoubliable interprétation que l'on doit au formidable trio d‘acteur que sont Dutronc, Cremer et Villeret.

Vous l'avez compris les Aiguilles d'Or est une histoire qui se lit facilement et sans prise de tête. Malheureusement une fois la dernière page tournée, on se demande ce que l'on va bien pouvoir retenir de son récit…Si J'ai eu un beau flacon, le liquide à l'intérieur avait une teneur en alcool à faire pâlir un « Canada Dry ». Michael Mcdowell a fait son boulot et on ne peut rien lui reprocher. Et tant pis pour moi si mes aiguilles d'or ressemblaient plutôt à de simples épingles dorées…

Merci aux Doriane (@Yaena), Nicola (@NicolaK), Xavier (@Aquilon62), Anne-So (@dannso), berni (@Berni_29), Hélène (4bis), djdri25 et Altervorace et à notre amie Sandrine la défricheuse.

« C'était l'avant-guerre, Parfum de naguère, En couleurs sépia, ou noir et blanc. C'était l'insouciance Parfum d'innocence. Il n'y avait ni bon ni méchant.
Dis, est-ce que tu m'aimes? Bien sûr que je t'aime, quelle question! Sur les photos de ma jeunesse. Une étrange tendresse. L'amour en noir et blanc.
« La Ballade du Bon Et Des Méchants » par Jacques Dutronc.
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