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Critique de iris29


Ames sensibles s'abstenir...
On est dans un roman noir . " Rien n'était exotique, rien n'était charmant, rien n'était pittoresque ; tout n'était que misère crasseuse et noire, que pauvreté infâme et puante. "
Et, surtout, rien ne vous sera épargné , à vous lecteurs, aucun détail !

On est à New York en 1882 et les ruelles que décrit Michael McDowell ressemblent étrangement à celles de Londres décrites par Dickens. La pauvreté est la même partout dans le monde...
Nous avons d'un coté la famille bourgeoise du juge Stallworth, qui vit dans les beaux quartiers. persuadée de détenir la vérité, le bon goût, et même la morale . Grace au fils, pasteur, et au beau-fils, avocat, le juge s'est lancé dans une croisade : nettoyer les rues de sa ville de la vermine et une des familles qu'il a dans le collimateur, c'est les Shanks. Il faut dire qu'ils présentent mal... Ils sont tous (même les deux enfants, des jumeaux ) aguerris et impliqués dans toutes sortes d' affaires qui vont du vol à l'arnaque en passant par les avortements clandestins et les meurtres. Une famille peu recommandable.

On a donc le bien contre le mal , oui mais...
Avec Michael McDowell , ça ne sera pas aussi simple et les gentils ne le sont pas tant que cela et les méchants, non plus.
Petits glissements de points de vue de la part d'une lectrice qui a bien failli abandonner ce livre entre les pages 70 et 100, accablée devant tant de violence, tant de misère intellectuelle, affective, et financière. Noir, c'est noir et il y a peu d'espoir... Mais c'est cette ambivalence qui m'a intéressée, celle du bien (pas si bien que ça) et du mal ( avec cinquante nuances de gris).
C'est que voyez-vous, dans la famille bourgeoise, on s'aime si peu. le plus important : ce que pensent les autres, la morale, l'ambition, le pouvoir.
Chez les pauvres, on fait peut-être pis que pendre à l'extérieur, mais entre eux, il y a une vraie solidarité. A tel point que si l'on touche un cheveu de l'un, "on" le payera cher. Or le premier acte signant la "guerre" qui opposera les Stallworth aux Shanks, c'est la condamnation à mort, par pendaison, ordonnée par le juge contre le mari de la matriarche.
Dés lors, le combat peut commencer. Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, je ne vous dit que ça.
Cet angle est intéressant : les faux gentils et les faux méchants et démontre l'hypocrisie qui régne chez les puissants, les respectables et le mépris dont ils font preuve à l'égard de tout ce qui est différent d'eux.
Il y a chez cet auteur, un style très personnel, on reconnait la même noirceur, la même façon de décrire ses personnages ( à la limite de la caricature) que dans les eaux boueuses de la Blackwater ( le genre fantastique en moins).
C'est sombre, mais par instant offrant des éclaircies. Original et offrant pourtant une géméllité troublante avec la série Blackwater. Parfois sordide et pourtant beau. Simple mais clinquant.
Un véritable objet de curiosité que vient renforcer son écrin : cette sublime couverture offerte par la maison d'édition Toussaint Louverture, dorée, rouge comme le sang et noire comme les rues malfamées de ce New York de 1882 .
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