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Critique de Arakasi


Nous sommes en 1841 à Austin dans un Texas à moitié civilisé. Un soir, le jeune Woodrow Call (dix-huit ans, courageux, buté comme une mule et d'un sérieux à toute épreuve) ramasse contre le mur d'un saloon le tout aussi jeune Augustus McCrae (dix-huit ans lui aussi, insouciant, chroniquement bavard et complètement obsédé par les putes) alors que celui-ci cuvait tranquillement sa dernière biture. Les deux hommes n'ont presque rien en commun mais ils sont à l'âge où naissent les amitiés spontanées et se lient rapidement l'un à l'autre. Ils sont aussi à l'âge où l'on s'ennuie facilement et quel meilleur moyen de vaincre l'ennui que de s'engager au sein des Texas rangers pour défendre la veuve et l'orphelin contre les foudres des comanches et des desperados ? Mais défendre la veuve et l'orphelin, cela paie très mal, raison pour laquelle le major Caleb Cobb, ex-pirate et soldat de fortune, a décidé de monter une expédition pour conquérir Santa Fe et mettre la main sur la fortune des banquiers mexicains. Deux cents hommes, des dizaines de chariots, plusieurs milliers de munitions… L'expédition se présente sous de bons auspices et nos deux jeunes rangers y participent avec enthousiasme, avides de prouver leur valeur !

Mais entre les attaques incessantes des redoutables comanches, la préparation désastreuse des troupes, les incendies, les attaques de grizzlis, les cartes approximatives, l'expédition ne tarde pas à virer à l'eau de boudin. le temps d'arriver à la frontière du Nouveau-Mexique, la voici déjà amputée de la moitié de ses hommes… Et ce n'est pas fini ! Restent à encore à affronter les troupes mexicaines, particulièrement peu ravies de l'intrusion des rangers sur leur territoire, et, surtout, la fameuse « Jordana del Muerto », la Marche du Mort, immense étendue désertique s'étendant entre le Mexique et le Nouveau-Mexique.

Youhouhou ! Avec quel espoir, je l'ai attendu ce roman ! Enthousiasmée par la lecture de « Lonesome Dove », le chef d'oeuvre absolu de Larry McMurty, j'avais été ravie d'apprendre qu'il avait également écrit une suite et deux préquelles, mais grandement dépitée en découvrant qu'aucune d'entre elles n'avaient été traduites en français. Ô joie, les éditions Gallmeister ont enfin entendu mes ardentes prières et publié en ce beau mois de juin « La Marche du Mort », premier tome des aventures de Woodrow Call et Augustus McCrae. J'étais un peu dans mes petits souliers en débutant ce roman, tant je craignais d'être déçue après une première lecture aussi marquante. Je l'ai fini globalement satisfaire : sans être aussi jubilatoire que « Lonesome Dove », « La Marche du Mort » reste une préquelle de très bonne facture, une façon très agréable de prolonger un peu la magie du roman d'origine.

C'est notamment un délice de retrouver Call et Gus, des dizaines d'années et beaucoup de poils au menton en moins. Rolala, c'est fou ce que l'on est jeune et con à dix-huit ans ! Enfin, Gus surtout. Call est déjà d'un pragmatisme et d'un sérieux à faire peur, mais Gus est vraiment un jeune con : aucun instinct de survie, une vraie tête à vent, vantard et arrogant comme pas deux, aussi sympathique que monstrueusement agaçant. Ils ont aussi, sans surprise, tous deux de graves problèmes avec l'autorité, Gus par incapacité à se concentrer plus de trente secondes sur un ordre et Call parce que… ben, c'est Call l'autorité, point barre. Les nouveaux protagonistes ne sont pas en restent, tous habilement campés et très attachants. Moins de personnages féminins que dans « Lonesome Dove », hélas, mais Clara, la futur dulcinée d'Augustus, y fait tout de même une apparition marquante et la prostituée qui accompagne les rangers, Martha, est tout à fait réjouissante, davantage maman de substitution qu'objet de désir pour ses durs à cuire tout frais sortis de l'oeuf.

L'humour et le second degré constant sont toujours là et c'est tant mieux, car, sans cela, la violence de certains passages laisserait plus d'un lecteur sur le carreau, la brutalité des massacres, tortures et scènes de scalp étant renforcée, a contrario, par la sobriété du style. Malgré ses cinq cents et quelques pages, le récit laisse presque une impression d'insuffisance et c'est avec impatience que j'attends la traduction de la seconde préquelle « Comanche Moon » par Gallmeister. Et pourquoi pas – croisons les doigts – celle de la suite, « Streets of Laredo ». Bien que, maintenant que j'y pense et vu comment se termine « Lonesome Dove », la suite risque d'être horriblement déprimante…
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