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Critique de Biblioroz


La première page, au bord du Rio Grande boueux, campe immédiatement l'esprit western qui va courir sur plus de cinq cents pages bien denses, déroulant deux pitoyables expéditions de rangers lamentablement inexpérimentés à travers le Sud du Texas et le Nouveau Mexique.
La première image fait émerger du fleuve Matilda, une prostituée bien en chair, qui ramène de sa baignade une tortue serpentine pour son petit déjeuner. La douzaine d'hommes qui composent la troupe des Texas Rangers ont la gueule de bois, deux grandes cruches de mescal vides gisent au milieu du campement. Gus et Call, deux jeunes fraîchement enrôlés, s'affairent à seller une jument récalcitrante. Passés de vagabonds à Texas Rangers, ils sont plutôt fiers d'être ici mais ont tout à apprendre. Call est droit, discipliné, prudent et bien plus réaliste que le désinvolte Gus qui n'est préoccupé que par son manque d'argent et son obsession à tenter d'obtenir une passe gratis avec Matilda. Cette dernière, sa présence étant fort peu convenable au beau milieu de ce campement, ne désirait pas moisir au Texas et personne n'a pu la dissuader de partir vers son rêve : ouvrir un joli bordel en Californie. Cette troupe, franchement bigarrée, est menée par un major qui n'en a que le nom et nos jeunes rangers apprendront rapidement à faire face au flou des ordres en situations critiques, celles-ci ne manquant pas au programme.
Nous voilà donc débarqués dans leur campement. Leur première mission vise à ouvrir une route sûre pour que les diligences rallient San Antonio à El Paso. Une aventure qui aurait pu juste revêtir un caractère pittoresque en omettant quelques données d'un vrai western, à savoir les Indiens !
Par une nuit criblée d'éclairs, Buffalo Hump, le plus cruel des comanches, surgit et mieux vaut ne pas sous-estimer la portée de sa lance à bisons.

Après une petite centaine de pages, nos héros retournent à leur vie d'avant, à San Antonio, l'un chez le forgeron à ferrer des mules et l'autre à contracter des dettes au bordel. Tous deux se décident à se joindre à une seconde expédition qui vise à s'emparer de la ville de Santa Fe, de ses mines d'or et d'argent, en toute simplicité, pensent-ils. Mais les Mexicains sont-ils prêts à céder si facilement leurs biens face à ces Texans si sûrs d'eux ?
Pourtant, leur première mission n'a rien changé à leurs piètres qualités d'hommes de terrain et leur manque d'expérience. Ils n'ont même pas les moyens d'être bien armés, ils n'ont pour seul bien qu'un cheval qu'ils se font ridiculement voler par excès de confiance.
Nous voici donc repartis dans cette vaste étendue de plaines arides, ces prairies qui n'ont rien de bucolique où Buffalo Hump et les siens peuvent surgir de n'importe quel buisson épineux de chaparral. Un nuage serpentant, finissant en tourbillon cyclonique, montre l'un des caprices du temps qui vont jalonner leurs chevauchées plutôt suicidaires.

Cette longue aventure est un mélange de violence, de sauvagerie, d'actes sanglants et pourtant certaines situations relèvent du burlesque. Nous sommes, ici, à l'opposé complet des westerns à la John Wayne, gentils blancs propres sur eux et Indiens bêtes et méchants. Un général est imbibé d'alcool et incapable de s'orienter, le colonel dirigeant sa troupe ignore la distance à parcourir et confond les rivières. Un nombre incalculable d'erreurs coûtent autant de vie. le manque d'eau et de nourriture viendra se rajouter à la liste des supplices endurés.
Les Indiens, quant à eux, ont l'avantage de la connaissance du terrain, la ruse nécessaire au vol des chevaux, la magie de surgir de nulle part, de tendre des pièges. Leur barbarie finit par en terroriser plus d'un et leur supériorité apparait cruellement évidente.

De petites jalousies puériles se font jour entre Call et Gus mais, dans la pénibilité grandissante de cette aventure et dans les atrocités qui les guettent au moindre faux pas, un besoin de se soutenir dérivera tout doucement vers une amitié durable.
J'ai été touchée par l'humanité qui s'est dégagée de Matilda dans son comportement de plus en plus maternel envers ces pauvres hommes. Elle ne sera pas l'unique force féminine qui traversera ce roman d'aventures car, à la toute fin, une très distinguée Lady Carey fait également preuve de ressources inattendues quand les hommes perdent pied.

Un certain moment, la lassitude des rangers qui, ayant perdu leur monture, marchent longuement dans le désert, a fini par me gagner. Intriguée et emportée par ces chevauchées aventureuses en plein Texas, j'ai fini par trouver ce roman légèrement monocorde. de nombreuses répétitions d'évènements antérieurs rallongent inutilement les phrases, comme si le lecteur avait une mémoire de poisson rouge. Toutefois, j'ai refermé ce livre voilà quelques jours et il continue à occuper mes pensées, je n'arrive pas à obtenir un avis tranché sur ce que j'en retiens. Vais-je tenter l'aventure de retrouver ces héros qui n'en sont pas vraiment dans les tomes suivant ? Je l'ignore encore...
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