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Critique de soniamanaa


Avant toute chose, je remercie l'opération Masses critiques et les éditions Empreinte pour l'envoi de ce livre que j'avais choisi au souvenir de l'émission "Là bas si j'y suis" animée par Gérard Mermet. Son regard décalé, toujours humain me laissait augurer un plaisir de lecture. Quelle ne fût pas ma surprise de constater que j'étais en total désaccord avec lui.
Si j'adhère pleinement au constat d'une précarité immense de la planète et de l'humanité, fragilisées de toutes parts par l'activité humaine, les propositions de résilience déclinées dans ce texte m'ont semblées d'une démagogie frôlant le mépris.
Le discours est récurrent en ces temps troublés, la fin de l'abondance est là. de cela, la majorité est consciente confrontée à une inflation galopante, des factures énergétiques délirantes, une dette publique atteignant les 3072 milliards (1), obérant les générations futures.
Pour tenter une inversion de tendance, Gérard Mermet préconise un "grand sursaut" ou "contrat vital" qui remettrait au centre les devoirs des citoyens fondés sur des valeurs planétaires. Il déplore une démoralisation des individus qu'il faut entendre comme une perte de morale.
"On imagine guère alors d'autre solution qu'un transfert de richesses des ménages les plus aisés vers les plus pauvres." L'idée est juste et belle. Elle fait pourtant l'impasse sur une donnée fondamentale. 1% de la population possède près de la moitié de la fortune mondiale. N'en déplaise à l'auteur qui se refuse à questionner la mondialisation, je crois pour ma part que l'urgence va à repenser drastiquement un système planétaire ubuesque qui ne poursuit qu'un but, l'enrichissement de quelques-uns. Sans être souverainiste, il me semble opportun de réfléchir à une relocalisation des ressources, à favoriser la production locale dans une recherche d'autonomie raisonnée remisant la course des milliers de container sillonnant océans et routes.
Gérard Mermet déplore la perte de confiance du "peuple" (ces guillemets sont systématiquement utilisés) dans ses élites. Défiance dont une des conséquences est l'abstention massive aux dernières élections.
"Mais peut-être les gouvernants de certains pays démocratiques n'ont-ils pas le peuple dont ils rêvent...".
Décidément ce "peuple" est d'une inconséquence crasse. Il est moral de voter. C'était vrai, et mon immense respect va aux pionniers de cette lutte.
Mais pérenniser les États d'urgence et gouverner par décrets... Moral, vraiment?
Faire de la santé publique, bien commun s'il en est, un sujet traité en secret défense sous secret pour 50 ans, moral vraiment?
Constater que 8 ministres de l'actuel gouvernement sont mis en cause par la justice pour des affaires de viol, de prises illégales d'intérêts, d'harcèlement. Moral, vraiment ?
Le 16 février dernier, en pleine mobilisation sociale, le président Macron a décerné la légion d'honneur à Jeff Bezos pour ses nombreux services rendus à la France. Ses compétences en défiscalisation sans doute. Moral, vraiment?
Je pourrais continuer longtemps...
Les contestataires les plus cités dans le livre composent la triade gilets jaunes, anti-pass et antivax. Triade que l'auteur va jusqu'à psychiatriser. "En France et dans d'autres pays, on trouve à la fois des exemples de "folie" individuelles ou en réalité de comportements dommageables (abstention, refus de la vaccination...)".
Peut-être rappeler que la liberté d'opinion, le droit de manifester sont des valeurs tout aussi morales qu'inscrites dans la constitution. Oui, le peuple est souverain, même imparfait, c'est le principe élémentaire d'une démocratie.
En page 125, l'auteur évoque les grandes épidémies de l'histoire que sont la peste, le SIDA et la covid 19, soulignant les 6000000 de morts dans le monde pour cette dernière.
Je ne suis pas férue de chiffres. Mais 6 millions de morts sur une population de 8 milliards d'individus me semble faire un ratio de 0. 07. Je rappelle à l'auteur qu'au 14e siècle, pour le seul continent européen, la peste noire a fauché 50 millions de personnes sur les 75 millions estimés. Juxtaposer de telles discordances relève selon moi de l'inconséquence ou d'une volonté d'entretenir la peur. Il faut raison garder.
Je pourrais pour chaque ligne débattre et discuter. Cette chronique est déjà fort longue. Je la conclue en affirmant qu'il est important que toute opinion trouve sa place, que le débat contradictoire est salutaire, et que l'on sort toujours grandi d'une réflexion.
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