AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bdelhausse


J'ai le plus profond respect pour les personnes qui, comme Ismaël Méziane, se livrent à un combat perdu d'avance, façon "assaut contre des moulins à vent". Engager la lutte contre le racisme, à mon avis, c'est un combat de toute une vie (voire plus) et les ennemis sont tellement nombreux que l'on ne sait pas où tirer.

Dautant que, comme le signale Ismaël Méziane, même ses propres amis, sous le couvert d'une bienveillance amicale, en sont venus à le solliciter en utilisant des rouages qui trempent leurs racines dans le racisme le plus primaire. C'est au lendemain de l'Hyper Cacher et de Charlie Habdo... les amis d'Ismaël l'exhortent à se déclarer contre l'islam, contre les violences et l'intolérance religieuse. Pour Méziane, cela va de soi, mais il est dérouté par le fait qu'il "doive" le montrer. Il n'a rien de commun avec les terroristes... Mais si pensent ses amis (qui n'en sont plus, à mon avis), il est musulman... comme les terroristes. La colère et l'incompréhension emplissent Ismaël Méziane. Alors, il va avec Carole Reynaud-Paligot (historienne) et Evelyne Heyer (anthropologue génétique) parler de racisme.

Le titre est un peu à côté de ce que l'on trouve dans la BD. Il explique davantage ce qu'est le racisme 'collectif' ou 'structurel', et s'attache finalement peu à montrer comment un individu lambda devient raciste. Mais ce n'est pas important.

Les auteurs vont passer du vécu d'Ismaël Méziane à des propos plus larges, plus scientifiques. Entre l'observation au quotidien et les schémas récurrents, les auteurs développent leur pensée. On part des réflexions bienveillantes dont je parlais plus haut. On élargit au 3 caractéristiques du racisme: catégorisation, hiérarchisation, et essentialisation. En gros, vous créez des catégories d'individus, vous décrétez que toutes ces catégories ne se valent pas, et vous réduisez tous les individus des groupes "inférieurs" à quelques caractéristiques négatives. le propos est donc plus large que le racisme. On intégre les gros, les roux, les intellectuels, les malingres, etc. au même titre que les noirs, les jaunes, les verts...

C'est une lecture rapide, aisée, directe, qui manque quand même (à mon avis) de profondeur. On reste assez superficiel en ce qui concerne les effets (surtout de long terme) du racisme et son impact sur les gens et la société. J'ai également pas mal de doutes sur le fait que cela permette à un raciste de changer d'avis... Cette lecture ne convaincra sans doute que les convaincus. Mais je redis qu'il s'agit d'une lecture nécessaire. Plus que jamais.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}