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Critique de LydiaB


L'histoire de cette reconquête spirituelle s'organise à partir d'une allégorie centrale, celle des besants (ou Talents) de l'Évangile (Matthieu, XXV, 14-30). Tout le propos du Vieux Pèlerin est alors de vérifier, dans un monde en crise, si le véritable besant de l'âme se multiplie, celui-là même qui sort de la forge de la sainte alchimie. La reine Vérité, qu'il sollicite, accepte donc de revenir sur Terre pour contrôler l'état de la monnaie des hommes. le livre tout entier repose sur cette allégorie de l'alchimie. Pourtant, l'auteur est loin d'être un alchimiste. de ce fait, il va s'appuyer sur des ouvrages et utiliser des lieux communs.

La rencontre avec l'ermite Arsène, qui ouvre le livre, en constitue l'un des passages les plus mystérieux. Elle est l'occasion pour Mézières de mêler plusieurs thèmes autrement exploités dans les ouvrages d'alchimie. À commencer par celui du voyage merveilleux dans des contrées mythiques, Jérusalem, la Grèce, l'Inde ou, comme ici, l'Égypte. Dans les textes alchimiques, il n'est pas rare en effet que son auteur commence par un récit de voyage où il raconte comment, en butte à l'errance et à la désespérance, il finit par rencontrer le bon maître qui lui enseigne une doctrine exacte et lui montre comment multiplier l'or. Dans le Songe du Vieux Pèlerin, il y a plus que ce topos attendu, témoignant chez Mézières d'une grande connaissance de l'alchimie de son temps. En effet, le vieil Arsène (un mixte de saint Antoine et du moine Maryanos, le Morienus latin à qui est attribué le premier traité d'alchimie arabe traduit en latin), expose son projet alchimique, savoir transmuter le fer (Mars) ou l'étain (Jupiter) en mercure, puis du mercure en or fin. Il s'agit là d'une des pratiques majeures du XIVe siècle, non plus à partir de matières animales (le sang par exemple) ou végétales, comme l'avaient transmis les Arabes, mais uniquement à partir des métaux. On part du fer ou de l'étain et on cherche à en extraire sa « matière première » (grundsubstanz), c'est-à-dire le pur vif-argent (ou mercure) inhérent à tous les métaux. de là, on peut transformer le matériau de base en or et même le multiplier.

Le texte est vraiment intéressant et, même si vous n'aimez pas les allégories, ce que je peux comprendre, il est riche en enseignement, ne serait-ce que pour ce monde de l'alchimie, vecteur de questionnement pendant des siècles.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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