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Critique de gruz


gruz
18 septembre 2017
Comment est-ce possible ? Comment une jeune auteure, à son (seulement) deuxième roman, peut-elle faire preuve d'autant de maîtrise et de maturité ?

Le premier roman de Jax Miller, Les infâmes, avait déjà fait forte impression. On y découvrait une lumière noire braquée sur une partie de l'Amérique, une peinture au vitriol laissant des marques indélébiles.

Mais que dire alors de ce second livre ? Comment ne pas tomber dans la dithyrambe excessive alors que j'ai juste envie d'énumérer les superlatifs.

Candyland est un livre tellement fort qu'il marquera mon esprit pour très longtemps. Combien de romans m'auront fait ressentir autant d'émotions contradictoires, autant d'enthousiasme pour chaque chapitre lu ? Ils sont peu, vraiment peu. Subjugué, chamboulé, sidéré, enthousiasmé…

Jax Miller est américaine, elle a donc une légitimité pour raconter l'Amérique (profonde) – la ceinture de rouille de l'Amérique, comme l'endroit est décrit dans le livre. Mais elle vit désormais en Irlande, et j'imagine que sa manière d'écrire en a été peut-être influencée.

Car ce qui frappe en premier, c'est la qualité d'écriture de la dame, d'une incroyable maturité, donc. Oserais-je dire que j'ai parfois pensé au sieur Ellory, en version plus cynique, avec cette manière de décrire l'Amérique d'un oeil anglo-saxon (au sens large du terme). le genre de maîtrise qu'on retrouve habituellement chez un auteur ayant écrit nombre de récits…

L'histoire se déroule dans un coin paumé des USA, entre une ancienne sur-polluée cité minière et les montagnes des Appalaches (point commun avec Délivrance, ce n'est sans doute pas un hasard, par son coté parfois bestial). Et puis, il y a la communauté amish, omniprésente tout en étant à part de cette société américaine profonde.

Plusieurs communautés vivant presque en autarcie, pourtant interconnectés à travers ce récit. Un microcosme sur de vastes étendues et comme une sorte de lien de consanguinité malsain entre tout ça. On y retrouve des thèmes déjà évoqués dans son premier roman, comme l'enfantement et les communautés, justement.

Jax Miller nous rejoue la partition des quatre saisons, en quatre temps, à travers ce récit sublimement construit entre passés – au pluriel ! – et présent. Une intrigue, loin d'une sucrerie, d'un noir profond mais où pointent des rais de lumière qui lui donnent un relief particulier. de vraies montagnes russes d'émotions !

Certains passages sont d'une violence difficilement supportable mais toujours d'une justesse incroyable. Certaines surprises sont tellement dingues que j'ai dû faire des pauses pour mieux m'en imprégner (et m'en remettre…). Rien n'est gratuit et l'amour est tout aussi présent, aussi fort (et pervers) que le reste.

Et que dire des personnages… Jax Miller a pris soin de parfaire aussi bien ses protagonistes masculins que féminins. Des êtres marqués dans leurs chairs tout comme dans leurs âmes. Avec l'environnement dans lequel ils se meuvent, ce sont eux le centre du roman, le sens du tout. Surtout que l'auteure prend le temps de développer cette intrigue aux multiples ramifications (575 pages), sans qu'il n'y ait aucune longueur pour autant.

Avec Candyland, Jax Miller, par son écriture racée et super expressive, par son intrigue ahurissante et par ses personnages mémorables, nous propose un roman noir crépusculaire qui frise la perfection. Inoubliable.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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