AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome se déroule après ABC Warriors : Shadow Warriors. C'est le premier de la tétralogie consacrée à la guerre contre Volgan.

Les ABC Warriors sont des robots disposant d'une forme de conscience et conçus pour résister aux armes Atomiques, Bactériologiques et Chimiques, d'où leur nom ABC. L'équipe actuelle se compose d'Hammerstein, Joe Pineapple, Mongrol, Blackblood et Deadlock. L'équipe a décidé de confier Mek-Quake à un asile car son comportement est devenu trop erratique. Après l'avoir confié aux bons soins d'une équipe de soignants robots, ils se dirigent vers Marineris à bord d'un transporteur évoquant une baleine cybernétique. Pendant le voyage, ils échangent des souvenirs de la guerre Volgan : une guerre en Europe pour libérer les peuples du joug de l'oppression communiste (les ABC Warriors ont été publiés pour la première fois en 1979, bien avant la chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc soviétique).

Dans ce futur dystopique les nations s'affrontent pour maîtriser les ressources en pétrole. Mais la guerre a été rendue plus humaine dans la mesure où ce sont des robots qui combattent. Ce qui n'avait pas été prévu, c'est que ces robots ont développé une forme de conscience plus ou moins rudimentaires. Hammerstein raconte comment il s'est battu contre des robots de guerre géants. Mongrol explique comment il est passé de l'état de parachutiste à celui de robot d'infanterie. Et Joe Pineappels explique comment il a réussi à perpétrer un attentat à l'encontre du chef des Volgan et pourquoi il a échoué. Ces 3 récits ont 2 points en commun : ils déroulent pendant la guerre Volgan et chacun des 3 robots a rencontré Zippo, un mystérieux robot des forces spéciales.

La série ABC Warriors a été créée par Pat Mills en 1979 et elle a été publiée dans le magazine hebdomadaire anglais de prépublication appelé "2000 AD". le premier tome de la série est Meknificent Seven. Dans le présent tome, Pat Mills a décidé de mêler 2 histoires : l'une se déroulant dans le temps présent des ABC Warriors (vraisemblablement au vingt-deuxième siècle) et l'autre dans le passé (à la fin du vingt et unième siècle pendant la guerre contre les Volgans). Comme souvent dans les récits de Pat Mills, il faut du temps pour s'immerger dans le récit. Mills limite au strict minimum les informations pour permettre au lecteur de se situer. Donc, on est prié de prendre le train en marche et de se repérer au fur et à mesure.

Heureusement, en début de volume, 2 pages résument la chronologie des principaux événements de cette série. Deuxième difficulté, Mills ne donne aucune indication concernant le degré de conscience de ses héros, voire d'éventuelles lois de la robotique. Là encore le lecteur est prié de prendre pour argent comptant ce qu'il lit, étant obligé de se cantonner à cette vision très limitée de cet univers. Il faut donc prendre son mal en patience et accepter cette forme narrative peu orthodoxe pour finir par atteindre une empathie suffisante vis-à-vis des personnages. L'établissement de ce lien affectif est rendu d'autant plus difficile qu'il s'agit de robots très métalliques et peu anthropomorphiques. Néanmoins, dès que Hammerstein raconte ses souvenirs de la guerre Volgan l'intérêt est suscité par l'enjeu des combats : on peut enfin prendre parti pour l'un ou pour l'autre.

Pour être honnête, je n'aurai pas fait l'achat de ce tome s'il n'avait pas été illustré par Clint Langley. Son travail d'illustrations m'avait subjugué dans Slaine, Tome 1 : Geste des invasions et j'avais hâte de découvrir son interprétation des ABC Warriors. La première chose qui saute aux yeux est que son utilisation de photographies est devenue beaucoup plus discrète ; c'est dû au fait qu'il n'y a presqu'aucun être humain dans ces pages. La deuxième composante qui surprend est que les ABC Warriors ne sont pas tape à l'oeil. Clint Langley a banni l'exubérance clinquante en faveur de robots à l'apparence industrielle, fonctionnelle, patinés par l'usure. Il faut donc un peu plus de temps pour apprécier la conception graphique de chaque robot, pour détailler les différents composants habilement amalgamés dans une silhouette sans éclat.

Le lecteur découvre que chaque séquence est dotée d'une teinte déclinée en plusieurs nuances qui donne une unité (le bleu pour l'accueil de Meg-Quake dans l'asile, le rouge pour le voyage à la surface de Mars, le gris-brun pour le récit de Joe Pineappels, etc.). Une fois les robots détaillés pour mieux en percevoir les subtilités structurelles vient le temps de savourer chaque case dont chaque élément dispose d'un degré de finition et de définition propre à un infographiste doué et obsédé. Et puis, pour le plaisir des yeux, Langley a rajouté des pleines et des doubles pages de gros plan sur les robots.

Au final, il s'agit d'un album très déconcertant de prime abord. le scénario semble linéaire et impénétrable et les illustrations semblent simples et ternes. Il faut du temps pour s'intéresser au scénario et il faut du temps pour découvrir les richesses des illustrations. Comme toujours dans ces cas là lorsque les créateurs maîtrisent leur art, la récompense du lecteur est à la hauteur du temps investi. Quelles autres horreurs réservent cette guerre ? La réponse des trouve dans La guerre Volgan 2.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}