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Critique de Presence


Ce tome est le deuxième de la série, il fait suite à 1666 des mêmes auteurs, qu'il faut avoir lu avant. le scénario est de Pat Mills, et les dessins et l'encrage de Leig Gallagher.

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Queen of the Zombies - L'histoire commence à Ipswitch en 1669. Titus Defoe et ses Frères de la Nuit (11 tueurs de zombies peu recommandables) ont suivi la trace de la Voisin (surnommée Reine des Zombies) jusque dans cette ville. Grace à une habile enquête (rapide, efficace et tranchante), ils découvrent les 12 zombies intelligents planqués en ville. Après un affrontement harassant, ils reviennent à Londres ayant accepté une invitation à une réception en l'honneur des chasseurs de zombies, donnée dans la Maison Nonsuch, sur le pont de Londres (London Bridge). En cours de cérémonie, ils apprennent l'évasion de nombreux zombies qui attendaient d'être embarqués pour les colonies, comme main d'oeuvre bon marché.

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A murder of angels - Titus Defoe et ses Frères de la Nuit sont retranchés dans la Tour de Londres qui subit l'assaut de hordes de zombies qui semblent avoir un but précis. Leur objectif : l'agence de la Monnaie Royale (Royal Mint). Heureusement dans les douves un crocodile veille. Entre 2 assauts, Titus Defoe se retrouve face à face avec un prisonnier peu commun qui a peut-être causé l'épidémie de zombies. L'assaut des zombies s'intensifie et une autre créature vient leur conférer des capacités inattendues.

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Si vous n'avez pas lu le premier tome, abandonnez immédiatement l'idée de lire celui-ci. Vous êtes prévenus. Pat Mills et Leigh Gallagher continuent leur récit clockpunk, perpétuant les mêmes défauts que dans le tome 1 (ellipses brutales, discours artificiels pendant les combats, dessins très sombres et très denses), en les intensifiant encore. Pour être clair, si vous n'avez pas d'investissement affectif dans le récit et les personnages, cette lecture sera une épreuve repoussante, traversée d'images fulgurantes et de concepts fulgurants, dans un brouet indigeste. Il m'a fallu à une ou deux reprises revenir en arrière pour m'assurer que je n'avais pas sauté une page par mégarde, ou mal compris la scène précédente (à ce niveau là, il n'est plus possible de parler de transition, mais plutôt de coupure). Malgré tout il surnage des moments d'une rare intensité et d'une grande inventivité : un homme sous les jupes d'une femme, une séance à haut risque chez le barbier, un arrachage de coeur, un dragster mode clockpunk, des hybrides zombies / automates, un crocodile...

Leigh Gallagher dépeint des environnements très détaillés, avec un encrage appuyé qui leur donne une consistance peu commune. Il n'y a qu'à regarder les murs de brique des souterrains d'Ipswitch pour sentir suinter l'humidité et pouvoir compter le nombre de briques. Les murs de la Tour de Londres bénéficient de la même minutie dans le dessin. le dragster présente une carrosserie aussi fantasmée qu'évocatrice. Les zombies sont répugnants. Les hybrides zombies / automates dégagent une aura contre nature difficilement soutenable. L'hybride dédiée au plaisir charnel (Miss Poppet) décroche le pompon de l'abomination. le scénario recèle plusieurs scènes horrifiques que Gallagher rehausse à merveille (ce ciel chargé de zombies en lévitation, brrr). Et le crocodile vaut le déplacement. Gallagher insère 2 graffitis irrésistibles : le "Baebe magnette" déjà vu dans le premier tome, et l'inscription "Killing zombies since 1666" sur la lame de l'arme blanche de Defoe.

Dans un recueil de Slaine, Pat Mills avait déjà expliqué qu'il n'écrit pas pour tout le monde, et qu'il se soucie peu de ceux qui ne captent pas son intention. Avec ce deuxième tome de Defoe, le lecteur peut ressentir cette impression avec acuité. Si vous faites l'effort d'accepter sa narration en l'état, vous pénétrez dans un monde peu commun. Si vous refusez de subir une narration qui ne vous tient pas par la main, tant pis pour vous. Cela peut générer des moments d'agacements, qu'il s'agisse d'ellipses radicales, ou de l'utilisation des zombies qui se font massacrer tant et plus sans réagir, comme s'ils en constituaient que de la chair à canon docile, avec comme seule fonction de relancer l'action régulièrement.

À condition de se soumettre à la fantaisie du scénariste, le lecteur replonge dans un monde dense et solidement charpenté. Cela commence bien sûr avec les apparitions de personnages historiques (Ferdinand Verbiest, Samuel Pepys, Nell Gwyn, Richard Brandon, Dom Perignon), la référence à un ouvrage majeur de la littérature de l'époque de Christopher Marlowe. Cela continue par l'inclusion d'horreurs aussi bien commises par des psychopathes (le livre relié avec une couverture en peau humaine), qu'instituées par la société (le recrutement de force dans la marine anglaise par le système de "presse"). Dans ce tome, Pat Mills développe plus les concepts et créatures dont la présence a contribué à créer cette histoire alternative. C'est ainsi qu'il intègre l'un des derniers druides (Morvran) qui s'exprime d'une façon imagée, et dont le caractère tragique se révèle dans toute son horreur.

Décidément la lecture de la lutte de Titus Defoe contre ces hordes de zombies se mérite. Elle s'avère parfois frustrante, souvent très intense du fait d'une narration sans concession, et sans douceur, mais intelligente.
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