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Critique de Goewin


Coup de coeur ! Un bouleversant roman d'aventure et de résilience.

Ce livre m'a touchée en plein coeur. Dès le premier chapitre, j'en ai oublié de respirer tant l'accident dans lequel est impliqué Karan était réaliste. J'avais l'impression d'être avec lui dans la voiture. Karan dont le prénom signifie “compagnon”, “aide”, se trouve à un carrefour de sa vie : à quarante-cinq ans, ce chirurgien spécialisé en blessures de guerre a terminé son contrat avec l'armée et envisage sa reconversion dans un service de chirurgie réparatrice à Nice. La chirurgie est toute sa vie et il n'a vécu que pour elle. C'est alors que survient l'accident : pour éviter une petite fille qui surgit devant ses roues, il braque et se retrouve face à face avec un trente-huit tonnes. Lorsqu'il reprend conscience un mois et demi après l'accident, il apprend qu'il est un miraculé, mais qu'il a perdu l'usage de sa main gauche et qu'il ne pourra plus opérer. Karan est dévasté, il plonge dans une profonde dépression. Pour lui, désormais, la vie n'a plus aucun sens et il se voit comme un être qui n'a plus aucune utilité. Heureusement, Lorenzo, le conducteur du poids lourd n'a pas l'intention de le laisser sombrer sans rien faire. Tous les ans, il consacre ses deux mois de vacances à convoyer des marchandises pour une mission humanitaire et il va convaincre Karan de l'accompagner. Cette année, départ de Djibouti, puis via l'Éthiopie, il s'agit de se rendre près du Lac Victoria au Kenya où l'HAECWF (Human Aid and Ecological Control World Foundation) met en place un programme pour lutter contre la disparition des guépards. Soit un peu plus de 3 000 kilomètres à travers une nature magnifique et envoûtante, mais aussi dangereuse par les rencontres que l'on peut faire de rebelles ou de braconniers sans foi ni loi.

Le premier face-à-face entre un Lorenzo d'une bonne humeur à toute épreuve et un Karan aigri et dépressif vaut son pesant d'or. C'est le début d'une belle amitié et leurs dialogues teintés d'humour sont un régal. J'adore Lorenzo et son franc-parler. Karan et sa mauvaise humeur ne font pas le poids devant lui. En même temps, Gilles Milo-Vacéri m'a fait réfléchir. Qu'est-ce qui fait la valeur d'une vie ? Et si ce que je considérais comme un échec n'était en réalité qu'une merveilleuse opportunité que la vie m'offrait pour au contraire prendre un nouveau départ ? Grâce à ce récit, j'ai découvert que ce que j'avais pris pour une fin était en fait un merveilleux cadeau qui m'a permis de nouvelles rencontres, de nouvelles amitiés, d'une activité différente que je n'avais jamais envisagée de la sorte et je le remercie du fond du coeur pour cette prise de conscience.

La rencontre de Lorenzo et Kenza, la généticienne de l'HAECWF qui va prendre la direction du laboratoire est explosive. Mais ce sont deux belles âmes qui vont savoir dépasser leurs a priori, un beau témoignage d'acceptation de l'autre et de sa différence. Et nous, combien de fois nous arrêtons-nous à une première impression et laissons-nous notre ego prendre le dessus ?

« Africamorphose » est l'occasion de découvrir de nouvelles cultures différentes de la nôtre et c'est aussi un voyage culinaire. Qu'est-ce que j'ai ri à l'épisode de la sauce bérbéré ! J'ai également retrouvé la belle cérémonie du bounah découverte dans « Yem ». Comme toujours avec l'auteur, nous avons une note de magie, de fantastique. le passage avec le shaman est bouleversant et une invitation à dépasser nos jugements étriqués et à nous ouvrir au mystère. Il y a tellement de choses qui nous dépassent dans le monde. Quant à la magie masaï, waouh ! On ne peut qu'être émerveillé devant la générosité de ces peuples.

« Africamorphose » est également un magnifique roman écologique dans lequel l'auteur dénonce nos comportements aveugles et criminels. Notre soif de consommation, notre irrespect de la nature sont responsables de catastrophes écologiques : le réchauffement climatique entraîne le décalage des moussons qui si elles arrivent trop tard ou sont insuffisantes peuvent mettre en péril des milliers de personnes et d'animaux. Chacun de nos actes a une conséquence qui peut se révéler dramatique. Gilles Milo-Vacéri met l'accent sur la population des guépards qui si on n'agit pas est appelée à disparaître très vite. Et malheureusement, ce ne sont pas les seuls menacés d'extinction.

Durant leur périple, Lorenzo, Kenza et Karan vont faire de belles rencontres, mais ils vont également être confrontés à la barbarie humaine. Ce que les hommes sont capables de faire pour des questions d'argent ou simplement parce qu'ils en ont le pouvoir est abominable. Je pense en particulier à la rencontre avec Makda. le courage et la volonté de cette adolescente sont bouleversants.

J'ai adoré retrouver “Le petit Prince” au cours de ma lecture : « On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux. » Cela pourrait d'ailleurs résumer parfaitement ce livre qui est un véritable hymne à la vie, au dépassement de soi et au courage, à l'amitié et à l'amour, à la Nature et à notre mère, la Terre.

Pour terminer, je dirai qu'il y a des livres qu'on aime, qui sont des coups de coeur, et puis il y a ceux comme « Africamorphose » qui vous poussent à vous interroger, qui vous emmènent tellement loin que lorsque vous en revenez, vous avez changé, progressé. Et c'est tout le talent de Gilles Milo-Vacéri qui, en s'appuyant sur ce qu'il a vécu, en ayant la générosité de partager son expérience avec nous, nous offre un roman d'aventures époustouflant avec des personnages inoubliables. On tremble, on retient son souffle, on rit, on s'émerveille… Alors merci pour Karan, Lorenzo, Kenza, Makda mais aussi Djia, Tigisi et N'wada… Ce livre m'a profondément marquée et il va faire partie de mes livres de chevet.
Lien : http://au-pays-de-goewin.ove..
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