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Critique de MesPolars


A 75% du livre (sur liseuse, on parle en pourcent et pas en pages), j'ai soudain été happée par l'histoire, au point que – enfin, je n'ai plus eu le loisir de prêter attention à autre chose qu'à l'action. Est-ce que Servaz allait s'en sortir ? Est-ce qu'on allait connaître le fin mot de l'histoire ? Est-ce qu'on allait savoir qui avait tué ? Non, ça, ça fait un moment que j'avais ma petite idée sur le qui et le pourquoi. le suspense a bien duré jusqu'à… 95%. Ensuite, retour à la réalité, j'étais de nouveau assise dans mon salon, dans l'hémisphère sud, en plein hiver.

Ce qui est problématique, dans un sens, parce que le Cercle se déroule dans le Sud Ouest de la France, en plein été.
Suivant la suggestion de mes amis Céline et Guillaume, j'ai entamé la lecture de la série dans l'ordre. J'avais passé un plutôt bon moment avec M, le bord de l'abîme (un one-shot qui n'a rien à voir avec Servaz) et un moins bon avec glacé. Comme j'avais le livre sous la main, je me suis entêtée avec le cercle. Pour te la faire courte : je vais arrêter la série pendant quelques temps, histoire de lire des polars ou des thrillers qui me conviennent. Manifestement, Servaz et moi, nous ne sommes pas partis pour devenir grands copains.

Commençons par le positif :

Encore une fois, l'histoire est plutôt bonne et bien orchestrée – même si le prologue, très excitant, n'a à mon avis pas grand chose à voir avec l'intrigue principale et sert à exciter l'appétit des lecteurs.

Il y a une ambiance, c'est clairement le point fort de cet auteur. Que ce soit le village universitaire fictif ou l'ambiance de coupe du monde, on s'y voit.

Pour autant, le cercle m'est complètement passé à côté, je n'ai pas réussi à y rentrer sauf entre 75 et 90% – ce qui, tu me l'accorderas, est un peu juste.

Pourquoi ?

J'ai été gênée par l'enchaînement des événements qui m'ont semblé manquer de logique. Des étapes cruciales sont expédiées alors qu'on nous noie sous les descriptions.

J'ai trouvé les trois premiers quarts extrêmement pédants. L'idée d'une cité universitaire fictive à l'image d'Oxford est intéressante – même je la trouve trop éloignée de la culture française pour y croire -. Par contre, elle n'est pas cohérente : on a d'une part l'action concentrée sur deux classes de khâgne et hypokhâgne qui se situent dans un lycée. Mais il n'y a pas de lycéens. C'est une cité universitaire mais il n'y a pas vraiment d'étudiant. En fait, j'ai eu l'impression que cette Oxford française tournait autour de deux classes de prépa, classes qui ont certainement leur prestige mais qui ne sont pas non plus des classes d'élites sur le plan universitaire dès lors qu'on a dépassé la licence.

“La culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale”, disait-on quand j'étais au collège. Cette petite phrase m'a poursuivie pendant la quasi totalité de la lecture du livre. J'ai ressenti un grand mépris (déjà affirmé dans glacé) pour tout ce qui est entreprise, encadrement, politiques. Bon point pour l'auteur, j'ai parfaitement retrouvé l'idée “nous sommes de purs esprits, l'élite de la nation” qui infuse les premières années d'études universitaires et qui corrompt inévitablement une partie des niveaux ultérieurs. Mais il arrive un moment dans les études et le développement de la connaissance où on arrête de se croire plus intelligent que tout le monde. On dirait qu'aucun des protagonistes du Cercle n'a dépassé le master, ce qui est un peu limité pour une élite. Quelle est cette idée de citer en permanence en latin ? Est-ce que ça existe réellement ? Je croyais qu'on arrêtait ça en seconde ou en première…

Je n'ai pas réussi à adhérer à l'idée de ce village uniquement peuplé d'étudiant et de villas secondaires de grands bourgeois. L'un ou l'autre, ok, mais les deux ensemble, non.

Aucun de ces détails n'est vraiment important pris individuellement. Aucun livre n'est parfaitement cohérent, aucun personnage n'adhère à 100% à sa propre psychologie, il y a toujours des trucs bizarres ou qui ne collent pas trop ou qui font froncer les yeux. La magie de l'écrivain, c'est d'entraîner le lecteur dans un tel tourbillon qu'il ne fait pas trop attention à tout ça, qu'il ne se pose pas toutes ces questions.

Avec le Cercle, l'auteur n'a pas réussi à créer pour moi ce tourbillon ; je m'entendais lire dans ma tête (j'ai d'ailleurs trouvé le style assez laborieux), je relevais en permanence les yeux pour me demander si j'avais bien lu, j'étais agacée par la puérilité de Servaz dans son histoire sentimentale, agacée par sa pédanterie avec ces phrases en latin complètement indigestes qu'aucun latiniste ne se permettrait d'employer à un autre moment que devant un auditoire qui les comprenne, par cette hiérarchie établie entre les esprits supérieurs qui étudieraient en khâgne et les ratés qui finiraient flics, les pourris qui deviendraient politiques, les arnaqueurs qui deviendraient chefs d'entreprise ou encore par des coïncidences juste invraisemblables … La gaule de Servaz le matin, je n'en peux plus ; les goûts musicaux de son adjoint, c'est pareil ; les événements climatiques providentiels, ça commence à être lassant (mais si j'en juge avec M, le bord de l'abîme, ce n'est pas prêt d'être terminé).

Bref. Je n'ai pas été dedans sauf quelques brèves pages et j'ai été soulagée d'arriver au bout. L'ensemble m'a donné l'impression d'un assemblage de bric et de broc, comme une latiniste trop sérieuse qu'on essaierait de rendre sexy à grands renforts de rouge à lèvres (la fille séquestrée) et de jupe découpée (le retour d'un certain tueur en série).
Lien : https://mespolarsetlereste.c..
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