AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


De sa naissance dans une famille modeste d'un coron du nord de la France à sa mort due à ses addictions à l'alcool et aux médicaments, en passant par une brève carrière de chanteuse de variétés dans les années 70 et un mariage d'amour avec un richissime industriel, Vera Dor aura eu une vie hors du commun. Née dans les années 50 dans un milieu duquel il est difficile de s'extirper et dans lequel les femmes n'ont pas grand-chose à dire mais tout à subir, Vera a compris très tôt qu'elle devait s'en échapper pour ne pas pourrir sur place, question de survie et de foi en ses rêves, s'en affranchir et ne compter que sur elle-même, quitte à couper tous les ponts avec sa famille sans espoir de retour, le désamour, pour ne pas dire la haine, étant de toute façon réciproque.

Ce portrait de femme déterminée et combative qui cache ses souffrances derrière sa beauté et son élégance nous est livré après la mort de Vera, à travers Anne-Marie, sa confidente loyale, sa meilleure amie et plus si affinités. Anne-Marie a contacté les deux nièces de Vera, la seule famille qui lui restait, et qui sont donc les héritières de cette tante qu'elles n'ont pas connue et dont elles ignoraient tout. Les deux jeunes femmes, qui s'attellent à vider l'imposant dressing de Vera, sont impressionnées par la quantité et la qualité de ces vêtements et accessoires, des tenues de haute couture les plus chics et chères. Anne-Marie les aide dans leur tâche et, à mesure que les parures sortent de la garde-robe, leur raconte, à travers l'histoire de ses vêtements les plus marquants, celle de leur tante.

Raconter la vie de quelqu'un à partir de ses vêtements, l'idée est originale (même si cela m'a évoqué "L'armoire des robes oubliées" de R. Pulkkinen), ce qui colle bien avec le caractère de Vera, qui refuse le destin qui aurait dû être le sien. Alors que les trois viennent exactement du même milieu à une génération près, le contraste entre la personnalité de Vera et celle de ses nièces est frappant, comme si celles-ci servaient rétrospectivement de faire-valoir à leur tante. Un peu falotes et insignifiantes, à peu près satisfaites de leurs propres vies ou en tout cas juste assez pour ne pas avoir envie de tout plaquer (ou d'en avoir l'envie mais pas l'audace), elles ne ressentent aucune envie ni aucun regret à l'égard de la brillante Vera, tant celle-ci leur est étrangère, vivant dans un univers mouvementé inimaginable et inaccessible.

Sur les thèmes du déterminisme social et des violences faites aux femmes, "La garde-robe" propose une vision sombre des milieux ouvriers des années 50 à 70, présentés comme âpres, violents et sans perspectives (cela reflète-t-il toute la réalité?), et donne à lire le portrait d'une femme qui force l'admiration par son anticonformisme et son culot, finalement attachante malgré la froideur et la distance de l'écriture, quasi documentaire.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#Lagarderobe #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          390



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}