Princesse Pimprenelle se marie

Cette histoire, reprise évidente de contes et légendes de princes et princesses, détourne les codes pour parler des envies, expression de la liberté individuelle. Il y a celle de Pimprenelle qui veut épouser Aliénor. Sa décision ne fait aucun doute, tant elle est motivée par l'amour. Il y a celle du roi et la reine, personnages tellement conscients de la puissance d'un amour sincère, qu'ils ne peuvent pas opposer de vieilles traditions ou des codes à la décision de leur fille. Cette quête de l'amour et surtout sa découverte, moment où le sol se dérobe sous vos pieds et des frissons inondent votre coeur, embaume l'histoire créant ainsi un grand élan vers l'autre. Les personnages retrouvent la raison quand ils pensent à l'amour, à sa sincérité et s'éloignent ainsi des règles édictées arbitrairement par la société. le texte et les illustrations n'atténuent pas pour autant la violence des premières réactions, de l'opposition, du refus et de l'autoritarisme, recours pour retrouver un chemin soi disant normal. Les couleurs rappellent l'univers des contes, les décors sont subtilement installés et les personnages évoluent avec une grande liberté. On y sent la fougue des sentiments, cette légèreté qui happe les êtres lors de la joie de la rencontre et de la découverte de l'autre. Trui Chielens bouscule les corps en jouant avec les lignes. On sent certains corps étriqués dans leur vêtement et leur posture. le roi et la reine sont engoncés dans les apparats de leur fonction. Les dessins semblent se rapprocher du cubisme et l'organisation de ces morceaux donne, selon la volonté de l'autrice, la raideur d'un corps ou son parfait alignement. L'illustratrice joue alors sur le physique pour accentuer les états d'âme des personnages. L'épanouissement de Pimprenelle et Aliénor est encore plus perceptible dans des scènes tendres et joyeuses. Visuellement, cet album s'éloigne de l'univers des contes pour y mettre plus de réalité, de nuances et ce, grâce aux traits enfantins, coups vifs et épurés. Pour accentuer la vivacité de cette narration, les textes sont inscrits tels des graffitis sur les dessins, inscrivant cette histoire et son propos sur les murs de nos actualités. La fin de cette histoire est heureuse et se poursuit à la troisième envie, celle des lecteurs, qu'ils soient petits ou grands. Celle de savoir comment les deux princesses, maintenant mariées, peuvent avoir de nombreux enfants, selon le dicton. Une postface, dans la continuité de la narration de l'album, répond précisément à la question. Ainsi, l'album esquisse les possibilités de notre réalité.
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