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Critique de Tachan


C'est avec un sentiment très particulier que j'ai lu ce tome. En sachant que c'était le dernier composé par Miura avant sa mort l'an passé, on ne peut pas le lire comme les autres. Tout prend une autre signification, une autre dimension, et nous sommes nous-mêmes empreint d'une autre attitude. L'émotion nous prend à la gorge.

Du point de vue de l'oeuvre, incidemment, nous sommes arrivés à un moment charnière. Depuis près de 30 tomes, nous attendions ce moment, celui où Casca retrouverait ses esprits. Il est là et nous sommes dans le moment d'après, mais celui-ci ne se déroule pas comme le happy end que certains pouvaient attendre. Sous ce décor pourtant plein de charme et de douceur qu'est la forêt des elfes, tout est long, dur, douloureux pour le duo phare de l'histoire.

C'est donc avec le coeur lourd mais plein d'espoir que j'ai suivi ce réveil à la vie de Casca, ces moments où elle tente de se réapproprier son corps et son identité. C'est déjà très important de la voir redevenir la guerrière qu'elle était même si ce n'est qu'avec des cheveux coupés courts et une tenue de chasseresse. La voir à nouveau manier l'épée m'a ravagé le coeur. La voir passer de l'enfant à s'occuper à la grande soeur qui donne des conseils m'a réchauffé le coeur.

Mais je n'ai pu m'empêcher de ressentir de la tristesse, celle de voir Guts tenu à l'écart. Les cauchemars de Casca, qu'il porte en lui, ne peuvent s'effacer aussi facilement et même si c'est douloureux, j'ai aimé que l'auteur ne fasse pas l'impasse dessus. La reconstruction est quelque chose de difficile pour les femmes victimes de violence et oui parfois, elles en veulent inconsciemment à des personnes qui n'y sont pour rien. Ici, c'est très métaphorique mais c'est un peu le sentiment que j'ai eu face à ce rejet que fait Casca à chaque fois qu'elle le voit et c'était terrible. Mais leur histoire avance et rien que ça, c'est un pur bonheur !

Alors qu'on rongeait notre frein depuis des années et des années, voire des décennies, les réponses aux mystères de la série commencent également à pleuvoir dans ce tome. L'identité du Chevalier Squelette est en partie révélée, sans surprise. On avait eu pas mal d'indices mais quelle superbe destinée tragique ! Et surtout, réapparait le petit garçon mystérieux du clair de lune, et là, la révélation est bien plus importante et soulève tellement de questions, de théories. J'adore ! Cet univers féérique si noir et complexe porte une belle densité et tellement de ramifications psychologiques qu'il serait intéressantes d'explorer.

Dans ce tome ultra riche, Miura développe aussi la dimension politique de son récit avec des pages très intéressante sur le projet d'Utopie de Griffith et Charlotte. L'auteur en vient presque à nous faire oublier l'horrible personnage qu'est Griffith avec ces aspirations censées sur la gouvernance du peuple et le développement harmonieux d'une nation incluant tout le monde. C'est saisissant !

Enfin, notre trio magique n'est pas le seul à avancer et il est émouvant de voir Farnèse prendre enfin sa robe de sorcière pour se mélanger à celles présentent sur l'île et apprendre à leurs côtés. Cela a certes un petit côté décalé avec ce qu'il s'est passé avant et ce qu'il se passe de tellement sombre à côté, mais c'est émouvant. Elle a eu un tel cheminement depuis le début et une telle évolution personnelle. Il est à regretter, en comparaison, que nos garçons servent plus de ressort comique dans ce tome, à l'image de Puck et Isidro, même si cela fait du bien de relacher la pression grâce à eux.

Ce moment s'offre vraiment comme une parenthèse hors du temps, une parenthèse offrant un moment de répit aux héros, pour guérir, réapprendre à se connaître, se découvrir et avancer. Ce lieu, vrai symbole de féérie, cache une nature multiple qui convient à merveille à l'histoire. Nous, lecteurs, nous sommes spectateurs émus face à cela. Nous prenons comme un cadeau ces ultimes moments imaginés par l'auteur pour faire se retrouver et avancer ses personnages. C'est donc plein d'émotion que l'on quitte les Guts, Casca, Griffith et tous les autres personnages de Miura par Miura, le tout sur une nouvelle révélation fracassante qui nous laisse sans voix. Au revoir, Monsieur.

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Les éditions Glénat, elles, nous ont offert un très bel écrin pour cet ultime volume de l'auteur, un grand format pour admirer la beauté et la richesse de ses planches, une reliure dure et un papier épais pour le conserver le plus longtemps possible et des pages de garde et en couleur fort symbolique pour marquer nos esprits avec le fac similé de la couverture en sus sur papier canson indenpéndant. Merci.

PS: La série se poursuit désormais grâce aux artistes qui travaillaient avec l'auteur, le Studio Gaga sous la direction de Koji Mori, mangaka et ami très proche de Miura.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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