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Critique de Lazlo23


Dans la lignée de « Lettres d'Iwo Jima », le beau film de Clint Eastwoodd, ce passionnant manga signé Shigeru Mizuki permet de découvrir la guerre du Pacifique du point de vue des vaincus : ces soldats japonais mal équipés, mal nourris, livrés aux coups et aux brimades d'officiers d'un autre âge qui n'hésitent pas, quand les choses tournent mal, à obliger leurs troupes à se faire exterminer pour l'honneur et l'Empereur.

C'est le destin d'un petit groupe de soldats, voué dès le départ à l'une de ces missions suicide (gyokusai, en japonais), que raconte Opération mort. Parmi ces malheureux bidasses, le seconde classe Muruyama (mélange de Candide, de Bardamu et de soldat Chveïk), fait figure de souffre-douleur. À lui les insultes, les volées de coups et les corvées de tinette. Doté d'épaisses lunettes de myope, Murayama assistera jusqu'au dernier assaut à la destruction de sa compagnie composée de jeunes hommes terrorisés, dont l'unique souhait serait de manger quelque chose avant de mourir.

Bien loin des clichés (ces soldats fanatisés montant à l'assaut en hurlant Banzaï !), Opération mort est un virulent réquisitoire contre une idéologie délirante, personnifiée à l'époque par l'Empereur Hiro-Hito, qui interdisait la reddition, et bien sûr la défaite, à l'armée japonaise. C'est ainsi que dans le manga, le sacrifice demandé aux soldats est non seulement inhumain, mais aussi et surtout inutile sur le plan stratégique.

Mais ce livre peut être lu aussi comme une dénonciation de toutes les idéologies (ou religions) qui poussent des êtres humains au martyre au nom d'abstractions.
« Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente », chantait Brassens.
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