AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Avec son prologue, Michel Moatti nous place d'emblée dans une atmosphère tendue et asphyxiante. Voilà qui promet!

Un meurtre étrange et mis en scène est perpétré à Londres. Lynn, cyber-journaliste pour le Bumper, est de suite sur les rangs. Près de la scène de crime, elle retrouve un confrère plus âgé, Trevor, un vieux de la vieille resté fidèle au papier mais dont la perspicacité est loin d'être dépassée. Alors que la concurrence fait habituellement rage dans cette profession, respect, échanges et même amitié s'établissent entre ces deux-là pour cette affaire hors du commun.

Michel Moatti ne recule pas devant d'insoutenables descriptions. Il émaille son récit des articles rédigés principalement par Lynn. Si je reconnais le professionnalisme de la journaliste, son style n'est pas du tout à mon goût. Trop accrocheur et voyeur. Peut-être parce que j'ai dépassé la fourchette d'âge ciblée par le Bumper.

Ce qui m'a particulièrement intéressé dans Tu n'auras pas peur, c'est la réflexion menée sur les dérives des réseaux sociaux et de sites où passent des vidéos de tortures, meurtres, etc, comme Bestgore. Tout ça au nom d'une liberté de parole et du droit de tout voir. Quid de la dignité des victimes, de l'éthique et du respect pour autrui? du vieux français, presque des termes tombés dans les confins de la désuétude. Il y a quelque chose de foncièrement malsain et inquiétant à constater le succès et le côté viral de telles vidéos. Et de voir les médias dits "classiques" se lancer eux-mêmes à une course à l'exhibition pour ne pas perdre en audience.

Dans sa postface, Michel Moatti revient sur ces points mis en avant dans le corps de son roman. Tu n'auras pas peur est un récit dur, noir et violent qui élargit l'affaire criminelle au cadre sociétal via ces sites, des médias omniprésents dans nos vies et une avidité crue des spectateurs pour des images et scènes prises dans le vif. A tous points de vue. Dérangeante constatation mais qui mérite de s'y arrêter pour réflexion.
Commenter  J’apprécie          323



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}