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Critique de daniel_dz


Un « conte pour adulte » qui dévoile une autre facette du talent de Caroline Lamarche. J'en ai apprécié les ingrédients oniriques teintés d'érotisme, mais la forme m'a déçu. Si vous appréciez l'auteure, je vous recommande de découvrir « La Barbière » et de confronter vos impressions aux miennes.

J'ai rencontré ce petit livre par hasard, sur un rayon d'une bibliothèque où j'ai mes habitudes. J'apprécie Caroline Lamarche, le livre m'intriguait, je l'ai emporté. Je dirais d'emblée qu'il ne m'a pas procuré le plaisir de lecture que j'attendais. Mais après avoir échangé mes impression avec la bibliothécaire, qui elle, avait un avis plus enthousiaste, je vais nuancer mon commentaire.

Le récit est qualifié de conte pour adultes et en effet, il est onirique. le cadre en est une ville qui est épargnée de la guerre qui sévit dans la région grâce au Grand Ob, un observatoire bien particulier: « Il balaie le ciel sans relâche, à la manière d'un projecteur, et transmet, par réverbération, des données sur la guerre. Leur interprétation éloigne de nous le danger. »

Mais pour fonctionner, il demande qu'on lui livre en offrande des yeux. de bonne grâce, les hommes se rendent chez la Barbière, qui les ampute d'un oeil. Cela peut paraître glauque, mais il n'en est rien: le texte décrit l'acte comme s'il s'agissait d'aller se faire couper les cheveux; rien d'effrayant. Mira assiste la Barbière; c'est elle qui va porter les yeux aux Grand Ob. Son frère est mort à la guerre. Un étrange personnage, le Dragon, vient lui en apporter des nouvelles et… je vous laisse découvrir le suite.

À ces aspects oniriques se mêle de l'érotisme, présent tant dans le texte que dans certaines des illustrations de Charlotte Mollet.

Tous les ingrédients étaient présents pour assurer un plaisant moment de lecture. La bibliothécaire avait également trouvé matière à réfléchir dans la symbolique des yeux, qu'elle interprétait comme une sorte de nécessité d'aveuglement pour éviter la guerre. Bref, toute une richesse, qui avait séduit la bibliothécaire et très probablement d'autres lecteurs.

Mais personnellement, j'ai été déçu par la forme, au point de jeter un voile sur les aspects positifs que je viens d'évoquer et qui auraient dû me ravir. Car les mots ne m'ont pas séduit; je n'ai pas retrouvé le plaisir de lecture que Caroline Lamarche m'avait procuré dans d'autres livres. Les mots ne m'ont pas apporté l'évasion ni le rêve que j'attendais. Les passages érotiques m'a paru plats; ni vulgaires ni crûs, mais plats. Peut-être ai-je lu trop vite, peut-être aurais-je dû lire à voix haute (ce que je n'ai jamais essayé, à vrai dire).

J'ai également été déçu par les illustrations. Certaines, mais pas toutes, étaient trop touffues à mon goût et le choix d'absence de perspectives dans certaines autres me les rendaient peu « lisibles ». Je dirais cependant que le fait que le livre soit broché et qu'on ne puisse l'ouvrir « à plat » sans risquer d'en craquer le dos ne rend pas service aux images. Je pense que je les aurais perçues autrement si je les voyais accrochées sur un mur blanc ou bien à plat sur la table de l'illustratrice.

Malgré ces bémols, je garde Caroline Lamarche en bonne place sur ma pile d'auteurs belges, en particulier pour la variété de sa production; je vous recommande particulièrement « Le jour du chien » et « L'ours ». Et elle ne reste pas enfermée dans son petit univers: en avril 2021, elle ainsi édité « Traces », un recueil de témoignages de membres du personnel d'un hôpital bruxellois, en période d'épidémie de coronavirus.

Je termine en signalant que « La Barbière » a été repris comme le premier des trois chapitres de « Mira », publié quelques années plus tard. L'un et l'autre ont été honorés d'un faible nombre de commentaires sur Babelio. Si vous aimez Caroline Lamarche, je vous propose donc de découvrir « La Barbière » (ou « Mira ») et de confronter vos impressions aux miennes, histoire de donner plus de corps à la critique.
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