Mondes miroirs, tome 3 : Les Rues de Mirinèce

On retrouve les deux personnages principaux, la coriace Elsy et la sage magicienne Elodianne, de retour à Mirinèce et désavouées dans leurs métiers respectifs suite à leurs prestations controversées. Mondiot prend le temps de s'intéresser à leur quotidien, hors actions épiques, dans la première centaine de pages, tout en dispensant des détails intéressants par de petits chapitres en flashback racontant le passé des deux jeunes femmes. D'ailleurs, il écrit leur passé au temps présent et l'action principale au passé, amusant, non ? Bref, c'est l'occasion de revenir sur leurs origines, l'adoption d'Elo, leurs jeunesses bien différentes et leurs débuts de carrière (même si celle d'Elsy relève d'une petite délinquance). le bouquin s'est d'ailleurs sacrément étoffé par rapport aux précédents et nous avons cette fois une histoire de plus de 500 pages, ce qui permet à l'auteur de creuser la psychologie de ses personnages (avec quelques longueurs et redondances par moment, il faut quand même le dire).

Ainsi, les rêves de grandeur d'Elsy se heurtent à la dure réalité et elle se rend compte que, malgré son implication dans des évènements de grande ampleur (voir les tomes 1 et 2), elle reste coincée dans le rôle d'une petite mercenaire des quartiers ouest, ce qui est à peine mieux qu'un malfrat local. Progressivement, elle se détache progressivement de ses « employés » et amis, d'autant plus quand elle apprend que sa tête est mise à prix. Il lui faudra s'entraîner, risquer sa vie et reprendre contact avec d'anciennes connaissances douteuses. Pour mieux s'en détacher ? Toujours aussi attachante et horripilante, la sexy-badass s'éloigne heureusement de la caricature par son côté désabusé, ce qui ne l'empêche pas d'essayer de sauver les apparences et de se mettre tout le monde à dos, ou presque, avec sa grande gueule (au passage, je ne suis pas toujours fan des dialogues avec des expressions un peu trop « actuelles »).

A côté de sa soeur d'adoption, Elodianne fait un peu pâle figure au début. Trop lisse, trop sage, elle va cependant se laisser tenter par le côté obscur de la Force magie. Sa soif de savoir, de reconnaissance et de gloire va se retourner contre elle et la couper du monde et de ceux qui l'aiment. Mondiot s'amuse dans certains passages à jouer sur la typographie et instaure une atmosphère lancinante qui illustre la plongée aux enfers de la spécialiste des miroirs. Qui, pour le coup, va être servie puisqu'elle va découvrir, et le lecteur aussi, plusieurs secrets de cet univers. Hélas, elle rate en série ses jets de santé mentale au passage et sa relation avec Elsy, notamment, s'effrite lentement.

La fin est carrément surprenante avec une plongée dramatique et une redistribution des cartes qui fait passer un cap à la saga, on n'est en effet plus dans l'espèce de statu quo des deux premiers tomes et les protagonistes principales ont radicalement changé. Ce qui est appréciable car on aurait pu risquer, autrement, de tourner en rond. Et puis il y a un petit saut temporel avec une paix qui semble s'instaurer, mais qui sera de courte durée avant un cliffhanger. du coup, je ne peux qu'attendre avec impatience le prochain tome, pour savoir où l'auteur va mener ses personnages après les avoir autant maltraités dans celui-ci !

Je l'ai dit, son complice Mathieu Ledever a parsemé le tome de plusieurs illustrations réussies et notamment d'une galerie de personnages en début de tome, mais aussi de cartes – dont un plan de Mirinèce – ce qui apporte un bonus à la saga.

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