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Critique de Pancrace


Cachée dans sa tanière de modestie, qui est Odette Froyard ?
Une grand-mère universelle ? Une sorte de couteau Suisse de l'intendance : cuisine, lavage, biberonnage, ménage, élevage, repassage comme l'époque l'inflige aux femmes comme elle née en 17. Sur les ruines d'un champ de bataille, aurait-elle été pire ou meilleure que ces gens ?

Pour la narratrice, sa petite fille : « Toutes les vies méritaient d'être non seulement vécues mais distinguées. Il y avait de l'extraordinaire dans chaque destin, fût-il éphémère ou apparemment sans relief. Odette Froyard n'avait aucune raison d'échapper à la règle, elle qui les respectait tant. Que se passe-t-il lorsque qu'il ne se passe rien d'autre que la vie qui passe ? Existe-t-il des vies qui ne valent rien ? »

Ce roman est une quête de vie, un refus de l'effacement de la moindre parcelle du passé.
La narratrice s'érige en rempart pour enrayer l'oubli à tout prix, parce qu'il est dit que personne ne meurt jamais vraiment tant que l'on pense toujours à lui.
« J'étais devenue la gardienne des petits riens, l'obsessionnelle chasseuse de traces. »

Malgré les lourds silences et les mystères impénétrables d'Odette Froyard, l'auteur, par la finesse et la délicatesse des mots agencés tresse à sa manière les trois façons de cette femme sensible, soumise, amoureuse, toujours attachante et très émouvante.

« A sa façon, discrète et efficace, Odette Froyard était ainsi une redoutable gardienne de l'ordre, dont elle était à la fois la matonne et la prisonnière. »

Par les souvenirs révélés, les petits riens, les dessins, les photos jaunies, les bouts de papier, avec l'aide de sa fratrie et de ses fréquentations rencontrées dans le tumulte de la France de l'occupation, de la guerre, des orphelinats, des déportations et des loges maçonniques ainsi qu'avec l'appui de ses aïeux appréciés pour leur conduite émérite et détestés pour leur attitude lâche que son histoire, celle de n'importe qui, fût en partie reconstituée et a donc de cette façon esquivé le puits sans fond de l'oubli.

« On est les histoires qu'on se raconte, elles sont des tremplins ou des pansements. »

Merci infiniment à Babelio pour la découverte de ce roman, de cette auteure à la très belle écriture et à Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage.







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